Elu président de l'Opep, hier, le ministre algérien de l'Energie, M.Chakib Khelil, a estimé qu'il n'y avait pas de nécessité actuelle d´augmenter la production de l'Opep. Les spéculations sont allées bon train à quelques heures de la tenue, hier, de la réunion de l'Opep à Vienne, en Autriche. Un geste de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole était attendu par les pays consommateurs. Jusque-là, c'était le statu quo qui semblait l'emporter. «Je ne pense pas qu'il y ait consensus», a déclaré le ministre algérien de l'Energie et des Mines en marge de la réunion. Laissant ainsi planer le suspense. Exprimant toutefois quelques craintes, il a ajouté: «Si aujourd'hui il n'y a pas de problèmes entre l'offre et la demande, nous pourrions avoir un problème dans les mois à venir». Alors que la majorité des 12 pays membres de l'Opep plaide pour le statu quo, Ali Al Nouaïmi, chef de file de l'Organisation, n'a pas soufflé mot depuis son arrivée dans la capitale autrichienne. Ce silence laisse la porte ouverte aux spéculations. La production des pays exportateurs de pétrole sera-t-elle revue à la hausse? Vera de Ladoucette, analyste à Cambridge Energie Resach Associate, va jusqu'à la chiffrer. «On parle d'une augmentation de 500.000 barils par jour», a-t-elle déclaré. En réalité, l'Arabie Saoudite, premier producteur de pétrole au monde, est le seul pays membre de l'Opep à disposer d'une capacité significative de production excédentaire. Une voix dissonante s'élève au sein de l'Organisation. C'est celle du ministre koweïti du pétrole. Mohamed Abdullah Al Olaim a déclaré: «Nous devons prendre soin des pays consommateurs comme ils prennent soin de nous». Curieuse déclaration. Certains pays membres de l'Opep auraient donc un sentiment de culpabilité. La raison? Le baril de pétrole pourrait ébranler l'économie mondiale. Emmenée par les Etats-Unis, cette dernière s'essouffle. Et selon Peter Beutel, analyste chez Cameron Hanover, une hausse même légère de la production de pétrole serait la bienvenue aux Etats-Unis. La Réserve fédérale (FED), envisagerait de faire baisser ses taux d'intérêt en septembre 2007. En un mot, en augmentant sa production, l'Opep ferait baisser les prix du pétrole et éviterait des pressions inflationnistes dans l'économie mondiale. «L'Opep a l'occasion de jouer les héros en augmentant sa production. Elle donnerait un peu de marge de manoeuvre à la FED qui pourrait baisser ses taux sans craindre une poussée d'inflation», a fait remarquer M.Beutel. M.Chakib Khelil, ministre algérien de l'Energie et des Mines, qui vient d'être élu président de l'Opep, ce mardi, et qui succède au ministre de l'Energie des Emirats arabes unis, M.Mohammad Ben Zaën Al-Hameli, a insisté sur la nécessité de ne pas prendre de décision précipitée. «Il n'y a pas de nécessité, à l'heure actuelle, d'augmenter la production de l'Opep malgré les craintes que suscite la crise financière actuelle.» Il a rappelé dans la foulée, estime M.Khelil: «A Djakarta par le passé, nous étions dans une situation similaire et nous avions pris la mauvaise décision.» En 1997, dans la capitale indonésienne, l'Opep avait augmenté de 10% sa production pour contrebalancer les effets de la crise asiatique. Cela s'est soldé par un effondrement du prix du baril de pétrole qui est descendu jusqu'à 10 dollars. M.Chakib Khelil, qui prendra ses fonctions en janvier 2008, est plutôt partisan de la prudence dans un secteur très sensible, rappelant à raison l'erreur commise il y a dix ans, lorsque la production a été inconsidérément augmentée, entraînant la chute des prix du pétrole qui ont dégringolé à 10 dollars en 1997. Deux réunions importantes se profilent pour l'Opep. L'une en novembre en Arabie Saoudite et la réunion extraordinaire en décembre. «Nous pourrons prendre la décision qui s'impose», a souligné le ministre algérien de l'Energie et des Mines.