En 2009, les Etats-Unis ont devancé la Russie pour la production de gaz naturel et sont arrivés en première position mondiale dans ce domaine, indique le rapport statistique annuel sur la situation énergétique dans le monde, publié mercredi par le groupe britannique BP. Selon le rapport, en 2009, les Etats-Unis ont augmenté la production de gaz naturel de 3,5% par rapport à 2008, la portant à 593,4 milliards de m3 (20,1% de la production mondiale). "L'accroissement le plus important (en chiffres absolus) de la production gazière, enregistré la troisième année consécutive, a permis aux Etats-Unis de devancer la Russie pour se hisser au niveau de premier producteur mondial de ce combustible", a déclaré l'économiste chef de BP, Christof Rühl, lors de la présentation du rapport à Londres. Pendant cette même période, la production de gaz en Russie a considérablement baissé: en 2009, elle s'est réduite de 12,1% pour atteindre 527,5 milliards de m3 (17,6% de la production mondiale). La troisième place revient au Canada où la production a chuté de 6,7% jusqu'à 161,4 milliards de m3 (5,4% de la production mondiale). En 2009, la production de gaz dans le monde a diminué de 2,1%, passant à 2.987 milliards de m3. La consommation s'est également réduite de 2,1%, chutant à 2.940 milliards de m3. La consommation de gaz naturel en Russie a diminué de 6,1% en 2009, atteignant 389,7 milliards de m3, constate le rapport de BP.* Le gaz naturel, dont les prix n'ont cessé de baisser depuis un an, notamment à cause des importants surplus accumulés pendant la récession, pourrait connaître une véritable révolution. La révolution touche les gaz " non conventionnels ". Il s'agit des gaz de schiste emprisonnés dans la roche et dont les techniques d'extraction sont de plus en plus efficaces. C'est la plus grande innovation en termes d'énergie depuis l'an 2000. Daniel Yergin est directeur du Cambridge Energy Research Associates. Il a rendu publique une étude sur l'importance des gaz de schiste en Amérique du Nord. Aux États-Unis et au Canada, les réserves de gaz de schiste permettraient de répondre à la demande de gaz pour les 100 prochaines années. Le gaz de schiste est un gaz emprisonné dans le schiste - un type de roche de basse perméabilité - qui fait appel à des techniques de production spéciales pour en extraire le gaz naturel. Les dépôts de schiste couvrent la majorité du bassin sédimentaire de l'Ouest canadien (BSOC). Source : Ressources naturelles du Canada. À peu près inconnu en 2000, ils ne représentaient que 1 % de l'offre gazière, ils en constituent maintenant 20 %. Ils en représenteraient 50 % en 2035. Selon Daniel Yergin, les politiciens américains n'ont découvert leur existence que l'été dernier lorsque les discussions sur la politique énergétique américaine ont débuté. Les gaz de schiste arrivent sur un marché du gaz où les prix ont oscillé entre 4 $US et 6 $US le million de BTU (British Thermal Unit), qui est à 4,55 $US aujourd'hui. Ils avaient atteint les 14 $US en juillet 2008. Cette faiblesse des prix du gaz naturel a entraîné une baisse des investissements dans l'exploration. Une telle situation pourrait entraîner, selon des analystes, une pénurie de la ressource et se traduire par une augmentation des prix. Mais ce scénario risque maintenant d'être bouleversé par les gaz de schiste. Les investissements nécessaires pour les gaz de schiste sont moins élevés que pour les autres formes de combustible fossile. La technologie consiste à casser la roche qui renferme ces gaz en injectant sous très haute pression un liquide contenant des produits chimiques. Ces produits libèrent le gaz et le font remonter à la surface, puis grâce à un forage horizontal, il est récupéré. D'importantes quantités d'eau doivent également être utilisées. Les craintes en ce qui concerne l'eau sont de deux types, utilisation massive, mais aussi risque, selon certains, de contaminer la nappe phréatique. Les gaz de schiste seraient utilisés pour des flottes de véhicules, mais la concurrence des voitures électriques et les recherches de pointe à ce chapitre font plutôt penser que le gaz servira d'abord et avant tout à la production d'électricité. Les gaz de schiste n'ont cependant pas encore la flexibilité du gaz naturel liquéfié. Un méthanier peut facilement être détourné pour répondre à une demande accrue. Le directeur de RasGas, du Qatar, Hamad Rashid Al Mohannadi, ne croit pas que le gaz de schiste soit une menace pour son industrie. Le Qatar est le plus important producteur de gaz naturel liquéfié et il entend bien répondre à la demande qu'elle soit asiatique ou américaine. Le Qatar se positionne également comme fournisseur de gaz et de gaz naturel liquéfié pour ses voisins du Moyen-Orient. Parce que si l'on voit les pays arabes comme producteurs et exportateurs de gaz et de pétrole, la demande intérieure croît très rapidement.