«Où est maman?» dit la petite Imane effrayée par le brouhaha des enfants qui viennent de quitter les classes. Il est midi moins le quart la cloche retentit. Le directeur de l'école primaire 24 février 1971, sise à Kouba (Alger), ouvre le portail pour céder le passage aux enfants, tous beaux et angéliques dans leurs habits neufs. Les nouveaux inscrits sont reconnaissables. Hébétés, ils regardent dans tous les sens. C'est le cas de Imane qui a rejoint pour la première fois, hier, les bancs de l'école comme des millions d'autres enfants. Après quelques instants, elle court vers une voiture, le visage envahi par un large sourire: c'est son père qui arrivée. «l'heure des retrouvailles!» C'est sa première absence à la maison -quatre heures- qu'elle vient de vivre. Elle a réclamé sa maman, elle lui manque énormément. Mais une fois l'heure arrivée, c'est le soulagement: parents et enfants se retrouvent. Devant les écoles primaires, hier, l'ambiance était très particulière. On a vu de plus près toute cette ambiance et ces moment forts pour les nouveaux élèves. Un quart d'heure avant que la cloche ne sonne, les parents pointent devant l'école en voiture ou à pied. «La rentrée est trop chère cette année», confie un parent qui attend sa fille. «Pour garnir le cartable de livres et cahiers, il faut débourser une somme de 4000DA», ajoute-t-il. Le Ramadhan et la rentrée pèsent lourdement. Pour un citoyen simple, comment arrive-t-il à nourrir sa famille et assurer en même temps les affaires scolaires à ses enfants? Un dilemme. «On ne sait pas quoi faire, confie une autre femme venue ramener sa fille, les achats scolaires d'un coté et le ramadhan de l'au-tre, ça sera vraiment difficile». A leur sortie, les enfants portaient chacun une feuille écrite à la machine. La feuille leur a été donnée par l'administration de l'école. C'est la liste des fournitures scolaires. De quoi ils vont entamer une année d'étude et de plaisir, surtout pour les nouveaux venus. Une fois dehors, sur le chemin du retour, une brève histoire commence et finit juste après. Les enfants accompagnés par leurs parents se sentent en sécurité. Pour les autres, qui n'ont pas cette chance, le danger plane sur eux, car ils vont parcourir les routes pour rejoindre leur maison. On les a vus courir sans se rendre compte de rien, innocents. Ils ne savent rien et personne n'a pensé à les accompagner jusqu'à chez eux. Ils risquent des accidents de la circulation et autres tracas de la route en ces moments difficiles. Aujourd'hui, c'est la rentrée officielle. Combien d'enfants découvriront l'école pour la première fois? Les camarades de classe, l'instituteur...l'étape la plus difficile dans la vie d'un élève. Aller à l'école, quitter pour quelques heures ses parents et entrer dans un monde nouveau, s'asseoir devant un homme ou une femme en blouse blanche pendant des heures... L'enfant trouve cette situation parfois bizarre. Un monde fait d'autres chérubins comme lui. L'enfant est certainement hésitant, peureux et étonné. Il pense uniquement à l'heure où sa maman ou son père vient le ramener à la maison. Mais avec le temps, il s'habituera et découvrira cette petite différence entre chez lui et l'école. Et c'est le départ!