Les députés demandent l'ouverture d'une enquête. Des contacts sont en cours entre l'Algérie et la Libye pour résoudre le cas des 54 Algériens détenus dans ce pays, a-t-on appris de source diplomatique. Ces derniers qui croupissent dans les prisons libyennes attendent d'être rapatriés dans leur pays natal, en vertu d'une mesure de grâce prise par le chef de la Révolution libyenne Mouamar El Gueddafi au début du mois. «Les autorités libyennes n'ont pas encore annoncé les noms des bénéficiaires. Les Missions algériennes en Libye suivent de près ce dossier», ajoute notre source. Il s'agira là d'une deuxième vague de refoulements. En mars 2007, 115 Algériens emprisonnés en Libye avaient été libérés, suite à une mesure de grâce prise en septembre 2006. «Grâce aux mesures prises par l'ambassade et les postes consulaires d'Algérie, le rapatriement de ces Algériens s'était déroulé dans des conditions normales», précise notre interlocuteur. Cette précision intervient après l'appel lancé par 47 Algériens, toujours en détention dans les prisons libyennes, au président de la République M.Abdelaziz Bouteflika, pour intervenir directement auprès de M.Gueddafi, et ce, afin d'accélérer l'application de la grâce. Les témoignages recueillis par un titre de la presse nationale font même état «d'une négligence» de la part de la représentation diplomatique algérienne en Libye. «L'on ignore la raison pour laquelle les autorités libyennes nous ont exclus de la liste des bénéficiaires de la grâce, alors que d'autres Algériens en ont bénéficié», lit-on dans la lettre rendue publique le 11 septembre. Selon eux, le consulat algérien ne fait rien pour «dénouer cette question». Des informations démenties par notre source, qui parle de «confusion». Elle a tenu, dans ce sens, à rappeler que les «54 prisonniers n'étaient pas concernés par la grâce de 2006, mais peuvent bénéficier de celle prise ce mois-ci.» Autrement dit, selon notre source, «il n' y a eu aucun retard ni discrimination dans le refoulement de ces Algériens». Le cas des jeunes Algériens emprisonnés à l'étranger mobilise la classe politique en Algérie. Le député Salah Bouchareb a adressé une question écrite à M.Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, dans laquelle il demande l'ouverture une enquête sur cette catégorie de personnes qui franchissent les frontières des pays étrangers souvent d'une manière illégale. En d'autres termes, les harraga. Ce dernier cite le cas de 6 jeunes ayant pris le large à bord d'une embarcation de pêche à destination de Tunis le 24 mai. Ces jeunes «n'ont donné aucun signe de vie. La thèse de décès par noyade est écartée sachant que leur embarcation a été repérée intacte par la police des côtes. Idem pour leurs bagages», lit-on dans la correspondance transmise au ministère des Affaires étrangères. Ces détails laissent présager que ces jeunes «croupissent dans les prisons tunisiennes.» «Les familles sont convaincues que leurs enfants sont toujours vivants, mais dans un lieu qui demeure secret.» «Seules les autorités tunisiennes sont habilitées à apporter des éléments de réponse et à régler ce problème.» Au niveau du ministère des Affaires étrangères, l'on rassure que «la diplomatie algérienne active dans tous les espaces qui représentent une importance pour l'Algérie», et rappelle que «la diplomatie est menée dans la discrétion chaque fois qu'il est jugé que celle-ci est garante de l'efficacité».