45 milliards à Alger, 260 millions à Oran et 13 autres milliards détournés à Algérie Télécom d'Oran. La Poste algérienne est devenue un gouffre sans fond où l'accès à l'argent ne pose pas problème. Mais où sont les contrôles? Les détournements se suivent et se ressemblent. L'histoire de l'Algérie indépendante est jalonnée de scandales financiers. Le nombre de commissions d'enquête mises en place et dont les rapports n'ont jamais quitté les tiroirs de ceux qui les ont élaborés reste proportionnel aux scandales ayant éclaboussé la scène financière. Le dernier en date vient d'éclater à Oran. L'agence commerciale d'Algérie Télécom d'Oran, située boulevard Abane-Ramdane, vit, ces derniers jours, au rythme d'un scandale financier spectaculaire. Un montant de 13 milliards de centimes aurait été détourné. La brigade économique de la Sûreté de wilaya est, depuis quelques jours, à pied d'oeuvre. Cette enquête fait suite à une plainte déposée par l'entreprise auprès de la police. Une déposition, selon des sources proches du dossier, qui fait état d'un trou financier au niveau de l'agence Abane-Ramdane. Le trou aurait été découvert par l'inspection générale d'Algérie Télécom. Partant de ce principe, une enquête administrative a été ouverte sur place. Cette dernière aurait été confiée à l'un des inspecteurs généraux, dépêché d'Alger. En ce sens, un mémorandum aurait été établi et des mesures préventives auraient été prises. Dans ce contexte, l'on saura que douze employés, dont 11 femmes, auraient été suspendus de leurs fonctions. Une suspension temporaire, apprend-on. Cela, en vue de parachever l'enquête avant de la présenter à la justice. Par ailleurs, et selon toujours les mêmes sources, l'on saura que les brigades économiques auraient auditionné les employés suspendus. L'enquête remonte, selon certaines discrétions, à 2005, année durant laquelle un trou de 60 millions de centimes aurait été décelé. Ce même trou s'élève à un milliard plus tard, puis à plusieurs milliards. Le montant de 13 milliards, qui serait arrêté comme chiffre détourné, fait état de divergences entre plusieurs services. «C'est un volume qu'on ne croirait pas», a attesté une source proche d'Algérie Télécom. Raison pour laquelle on a fait appel à la brigade économique pour déterminer avec exactitude ce préjudice. Cependant, le montant détourné jusque-là serait dû au dépôt de factures fictives. Cela, en vue de les comptabiliser comme étant des rentes liées aux kiosques et autres abonnés du téléphone. Par ailleurs, un agent exerçant au niveau de la Recette principale d'Algérie Poste d'Oran a été arrêté lundi après-midi en plein exercice. Ce dernier serait, selon des sources proches du dossier, impliqué dans une affaire de détournement de 260 millions de centimes appartenant à une tierce personne purgeant une peine de prison. En effet, tandis que ce dernier ruminait ses malheurs, l'agent arrêté, en complicité avec d'autres compères, se serait procuré une carte d'identité du prisonnier et un chéquier et puisait le plus normalement des sommes. Au total, on saura que 260 millions de centimes ont été retirés du compte. A sa sortie de prison, la personne en question, qui s'est enquis de son compte, découvre le pot aux roses. Cette dernière a aussitôt déposé plainte. L'enquête, diligentée de prime abord, aboutit à l'arrestation d'un agent, en attendant le complément d'enquête. Ceci pour dire la facilité que trouvent certains à détourner l'agent d'autrui et les deniers publics. En effet, plusieurs détournements ont éclaboussé Algérie Poste sans que les responsables n'aient pris les mesures adéquates pour stopper cette hémorragie. Selon certaines informations, près de 45 milliards de centimes ont été détournés au niveau de la Grande Poste d'Alger. Cette série de scandales financiers, à l'instar de celui de la BNA, ne manqueront pas de porter un sévère coup à l'image de l'Algérie qui fait de la réforme financière son cheval de bataille. En outre, ces détournements à répétition interviennent au moment où le débat sur la corruption bat son plein. Mais la question de savoir pourquoi ces détournements n'ont pu être découverts avant d'atteindre cette ampleur reste posée et sans réponse.