On se demande ce que sont devenus les contrôles et toutes les mesures de lutte contre les détournements, le trafic et le blanchiment d'argent. Ça devient un sport national: vol avec facilité à Algérie Poste. Un certain nombre de cadres (heureusement ce n'est pas la majorité) de cette vénérable institution, connue jadis pour les «petits travaux tranquilles (PTT)», se sont spécialisés dans le détournement tous azimuts. Ce qu'il faut dire, c'est que l'argent qui se trouve dans les caisses d'Algérie Poste appartiennent à la collectivité, en grande partie les fonctionnaires qui y sont domiciliés, les retraités, et un certain nombre de commerçants. Quand un agent indélicat vole une certaine somme d'argent, en fait il commet un vol contre la collectivité. On est donc en droit de demander qu'il y ait des contrôles et des garde-fous pour que cessent de tels agissements, lesquels portent atteinte à la renommée de cette institution de la république. L'encre du scandale de la Grande-Poste à Alger, qui a défrayé la chronique tout au long de ces derniers jours, et dans lequel de nombreux cadres étaient impliqués, n'a pas encore séché que celui de l'agence d'Algérie Télécom et de la Poste d'Oran pointe du nez, comme pour dire qu'il y a quelque chose de pourri au «royaume du Danemark». Comment peut-on prétendre mettre en oeuvre une réforme bancaire qui va rendre plus performantes les institutions bancaires et financières en Algérie si dans le même temps le minimum de mesures n'a pas été prévu pour sécuriser les comptes des usagers, personnes morales ou physiques. Si les règles prudentielles ne sont pas respectées, si le contrôle n'est effectué ni en amont ni en aval, c'est qu'on ne peut plus faire confiance à notre système bancaire et financier. Passe encore pour les scandales des banques privées, comme ceux de Khalifa-Banque et de la Bcia, mais que des banques publiques en arrivent à être éclaboussées par de telles pratiques délictuelles, on en reste baba, tout simplement. Malheureusement, aucune banque n'est épargnée: BEA, BNA, BDL, Badr, Cnep Banque, CPA. On peut citer des exemples de détournement à n'en plus finir. 45 milliards à la Grande-Poste à Alger, 13 milliards à Algérie Télécom à Oran, on voit des réseaux se mettre en place, utilisant de fausses factures, de fausses cartes grises pour l'achat de véhicules (cela s'était passé à la Cnep), tous les moyens sont bons. On avait parlé d'une brigade de lutte contre le détournement et le blanchiment d'argent. Comment se fait-il que tout ce beau monde en arrive à échapper aux mailles du filet et aux souricières tendues par les services chargés de lutter contre ces pratiques? Pour rappel, les bureaux de poste de la wilaya d'Alger ont été éclaboussés par quelque 37 affaires de détournement de fonds déposés par les usagers, selon le constat qui avait été établi par une commission spécialisée. Ces affaires avaient été relevées au niveau de 163 bureaux de poste depuis mars 2004, date de la création de la commission chargée de traiter les dossiers de détournement au sein de cette institution et d'indemniser les victimes. On se demande ce qui se serait passé si on n'avait pas créé cette commission. Donc, la question qui se pose est bien simple: «Pourquoi, malgré la création et l'existence d'une telle commission spécialisée, on constate la continuation des détournements?» Il y a certainement quelque chose qui ne va pas.