Une catégorie «reconnue» seulement dans l'échiquier comptable ou administratif. «La femme au foyer», une classification purement sociale, spécialement conçue pour les administrations d'assurances, d'entraide et autres. Mais combien honorable elle est, combien respectable elle demeure! Surtout en cette période de Ramadhan où la femme au foyer gère toutes les situations familiales ou presque. Si le rôle principal qui lui est dévolu en ce mois de jeûne est celui de «maître cuisinier (ère)», elle est, il faut l'admettre, sur tous les fronts. Elle satisfait les desiderata d'un mari souvent mauvais jeûneur, les caprices de ses enfants, les besoins des plus âgés...mais aussi, c'est important, elle régule le budget familial car elle en est le principal acteur de par les dépenses culinaires que nécessite ce mois boulimique pour beaucoup. La première à se lever pour préparer le départ de ceux qui vont à l'école ou ceux qui travaillent, elle se connecte immédiatement, sans transition aucune, avec le ménage coutumier, quotidien, usant, lassant...en passant par la lessive, la poussière sur les meubles ou parfois la vaisselle de la veille retardée par une visite familiale ou une émission télévisée «ramadhanesque». Souvent la dernière à dormir, elle aura passé, durant le Ramadhan, la plus grande partie de la journée derrière ses fourneaux. Rien que pour élaborer un menu agréable, consistant et surtout économique pour le f'tour. Elle doit réfléchir souvent avec anxiété sans omettre de questionner tout un chacun sur ses goûts et envies. Son bonheur et sa récompense, c'est de voir les mines ravies de ses «invités» à la «meïda» du f'tour, d'entendre leurs murmures d'appréciation sur les mets confectionnés avec art et amour et de percevoir des mots doux de félicitations comme «Saha Mamma!» ou autre gentillesse du genre, ou encore capter un clin d'oeil approbateur du papa. Telle une abeille ouvrière, ou une fourmi laborieuse, elle butine ici et là, accomplit toutes les corvées journalières sans rechigner ni se plaindre. Elle virevolte d'une pièce à une autre, ou s'affaire jusqu'à l'abrutissement dans la seule pièce qu'elle occupe avec sa famille, méticuleuse parfois, besogneuse souvent, mais toujours aussi déterminée à remplir son contrat de «femme au foyer». Il lui arrive également de sortir faire une petite emplette oubliée par son mari, «ce mauvais jeûneur», ou tout simplement pour acheter un condiment pour apporter une touche secrète à un repas déjà succulent avant même qu'il ne soit goûté. Parfois aussi, elle pique, avec bonheur, un petit somme, vraiment petit, de quelques couples de minutes à peine avant la rupture du jeûne, pour briser le fol élan épuisant d'une dure journée de jeûne. Que de fois ne fait-elle l'objet de quelques dérisions, affectueuses au demeurant, quant à la «piteuse» prime offerte au maître de maison dans sa «pitoyable» fiche de paie au titre d'époux de «femme au foyer»! Hélas, les chiffres comptables ou l'administration n'ont guère d'égards envers cette bonne fée aux doigts miraculeux qui sait flatter les papilles gustatives de sa famille durant le Ramadhan et le reste de l'année et qui mérite tout le temps, attention, compréhension et amour qui lui sont dus pour moult raisons.