Une cagnotte de 1,15 milliard de francs CFA (1,75 million d'euros) a été réunie pour mettre en application les accords d'Alger de juillet 2006. Gain de cause pour les rebelles touareg du Mali. L'Algérie, sollicitée par Bamako en vue de contribuer aux efforts de paix, a dégagé, avec le Mali, une cagnotte de 1,15 milliard de Fcfa (1,75 million d'euros) pour mettre en exécution les accords d'Alger de juillet 2006. C'est un fonds spécial destiné à développer les trois régions du nord du Mali qui abrite les populations touarègues tel qu'il est mentionné dans la Charte de paix signée en 2006 entre les rebelles touareg et le gouvernement central de Bamako. Bon gré mal gré, le retour à la violence au nord du Mali est le résultat de la non-application de ces accords, restés jusqu'ici lettre morte dans les tiroirs du gouvernement malien. Cette fois-ci, Bamako semble vouloir agir concrètement pour éteindre la braise touarègue qui risque de déclencher le feu à tout instant. A Bamako, l'on reconnaît que ce montant est «le premier mis dans les caisses du fonds, devant servir au financement de petits projets de réinsertion des jeunes» dans les régions de Tombouctou, Gao et Kidal (nord et nord-est), ont indiqué des responsables du comité de suivi des accords d'Alger. Pour les besoins de cette «mise de départ», le Mali a débloqué précisément 650 millions de Fcfa, tandis que l'Algérie s'est engagée avec une cagnotte de l'ordre de 500 millions de Fcfa, d'après ce comité qui comprend des représentants du gouvernement malien et de l'ex-rébellion touarègue, signataires de l'accord. C'est une première du genre depuis les accords de paix qui avaient, à l'époque, le cachet d'une solution d'urgence destinée à étouffer la révolte touarègue. Le comité de suivi inclut également, faut-il le souligner, des représentants de l'Algérie ayant encadré la signature dudit accord paraphé en juillet 2006. Cette annonce, faite hier par des sources officielles maliennes, intervient deux jours après la libération, vendredi dernier, de sept personnes par celles qui les avaient enlevées fin août dans les environs de Tin zaouatine (région de Kidal), près de la frontière algérienne. L'enlèvement a été endossé, rappelle-t-on, au chef de file des rebelles touareg, Ibrahim Ag Bahanga. Ce dernier, qui avait annoncé, mardi 18 septembre, une trêve négociée avec la médiation algérienne, avait expliqué que la libération des sept otages visait à prouver sa «bonne foi» vers le dénouement de la crise née après ces prises d'otages répétitives. Le pourtour de Tin zaouatine (nord du Mali), à quelques encablures de la frontière algérienne, a été ces dernières semaines le théâtre d'attaques des rebelles touareg, dirigés par Ibrahim Ag Bahanga et de ripostes des militaires maliens, ainsi que d'accidents mortels sur des mines. Une accalmie a été observée sur le terrain depuis le 18 septembre, date de la rentrée en vigueur de la trêve, annoncée par le chef des rebelles touareg et l'armée malienne. Néanmoins, environ une vingtaine d'otages demeurent encore «en garde à vue» chez Ibrahim Ag Baganga, après la libération de sept personnes vendredi par le chef rebelle. C'est un geste qui est perçu comme un nouveau pas vers la résolution de la crise née d'un sentiment de frustration chez les populations touarègues des régions nord du Mali. Les Touareg réclamaient au gouvernement malien une prise en charge sociale et économique ainsi que le développement des trois régions du nord abritant essentiellement les populations touarègues. Côté Bamako, le président malien Amadou Toumani Touré, s'adressant à la nation, vendredi soir, à la veille de la célébration du 47e anniversaire de l'indépendance du Mali, a exigé la libération «sans délai» des autres otages, s'accrochant aux accords d'Alger, les considérant comme «seul cadre de dialogue et de concertation». Cet accord, repris à la suite du retour à la violence, «sera respecté», a réitéré le président malien. Ce dernier a cependant mis en garde affirmant qu'«aucun acte, aucun comportement pouvant porter atteinte à l'intégrité territoriale de notre pays et à la cohésion nationale ne sera accepté». Pour rappel, les accords d'Alger prévoient le renoncement des Touareg à la lutte armée et à l'accélération par les autorités maliennes du développement des trois régions du nord du Mali, désertiques, qui abritent l'essentiel de la communauté touarègue malienne.