L'Algérie a joué un grand rôle de médiation qui a conduit, après tant d'incidents tragiques sur la zone frontalière, à la proclamation d'une trêve, respectée par les rebelles touareg et l'armée malienne. Les choses sérieuses ont commencé! Les travaux du Comité bilatéral frontalier algéro-malien se sont ouverts, hier, à Alger. Les discussions, si importantes, faut-il le dire, ont tourné autour de la sécurisation de la frontière et le développement des régions frontalières, en application des Accords «de paix» d'Alger, signés, en juillet 2006, entre le gouvernement de Bamako et les rebelles touareg. La 10e réunion du Comité frontalier est destinée, cette fois-ci, à renforcer la coopération entre les régions frontalières des deux pays qui abritent l'essentiel des populations touarègues. Il s'agit, plus précisément, de booster, sur des bases nouvelles, la locomotive de la coopération entre les régions algériennes de Tamanrasset, Adrar et Illizi, et maliennes de Kidal, Gao et Tombouctou. Le comité est chargé, entre autres, de promouvoir des projets de développement socioéconomiques pour les régions frontalières, d'organiser et de faciliter la circulation des personnes et des biens et de sécuriser la zone frontalière, exposée depuis quelque temps à une véritable tempête d'insécurité. La 10e session de ce Comité, ouverte, hier, a été présidée conjointement par le ministre délégué algérien aux Collectivités locales, Daho Ould Kablia, et le ministre malien de l'Administration territoriale et des Collectivités locales, le général Kafougouna Kone. Les deux hommes ont exprimé, hier, «la détermination des chefs d'Etat des deux pays, en l'occurrence les présidents Abdelaziz Bouteflika et Amadou Toumani Touré, de faire du renforcement de la coopération et de la concertation bilatérales, un axe stratégique des relations entre le Mali et l'Algérie». Cette dixième session du Comité frontalier algéro-malien intervient dans un moment particulier marqué par les craintes persistantes de représailles sur la bande frontalière. Jusqu'à septembre dernier, date de la proclamation de la trêve, l'armée malienne et les rebelles touareg du nord du Mali se livraient à une bataille sans merci, en violation des Accords «de paix» d'Alger, signés en juillet de l'année dernière. L'Algérie a joué un grand rôle de médiation qui a conduit, après tant d'incidents tragiques, à la proclamation d'une trêve, respectée jusqu'ici par les deux parties au conflit. Durant le même mois (septembre), l'Algérie et le Mali avaient déboursé une cagnotte de l'ordre de 1,15 milliard de francs CFA (1,75 million d'euros) destinée à mettre en application lesdits accords (Alger 2006). Ceux-ci prévoient, pour rappel, le renoncement des rebelles touareg à la lutte armée et le développement des régions de Kidal, Gao et Tombouctou qui abritent l'essentiel des populations touarègues. Pour une première mise sur rails de ces accords, le Mali avait débloqué quelque 650 millions de francs CFA, tandis que l'Algérie s'est engagée sur une cagnotte de 500 millions de francs CFA. Le ministre délégué aux Collectivités locales a clairement affiché la couleur: «La conjugaison de nos efforts s'avère encore plus vitale quand il s'agit de faire face au phénomène du terrorisme qui ne connaît pas de frontières». Quant à l'immigration illégale, Daho Ould Kablia a estimé que la concertation et la coopération bilatérales constituent des «choix stratégiques» dans la prise en charge de ce phénomène. Il est clair que la région sahélo-saharienne est confrontée à une sévère menace terroriste du fait des autres fléaux de la région, à savoir le trafic de drogue et des armes. D'où la nécessité d'accorder les violons aux fins de faire front à cette menace, mais aussi aux convoitises de certains pays, à l'instar des USA et de la France. Cela constitue, à en croire Daho Ould Kablia, un «rempart commun sûr à la mesure de l'ampleur des défis et de la gravité des menaces et au service de la stabilité, de la sécurité et de la prospérité dans toute la sous-région». S'exprimant, lui aussi, sur la question d'ordre sécuritaire, le ministre malien a estimé qu'il s'agit d'une question «qui perturbe dangereusement la libre circulation des personnes et des biens dans notre espace frontalier et compromet inéluctablement toute volonté de développement». C'est la raison pour laquelle, a-t-il insisté, «il nous apparaît nécessaire, aujourd'hui, de mesurer le chemin parcouru et de prendre des décisions mieux adaptées et des mesures plus rigoureuses dans la perspective d'une coopération économique et sécuritaire plus dynamique», en vue d'assurer, a-t-il indiqué, une «meilleure intégration de nos populations frontalières». Pour ainsi dire, le point de la situation est fait, reste à mettre sur les rails l'application concrète des Accords d'Alger, condition sine qua non au retour à la paix dans la région sahélienne.