La compagnie algérienne exige des milliards de dollars d'indemnisations. Sonatrach a confié la défense de ses intérêts au cabinet international Shaerman and Sterling. La compagnie nationale de l'énergie, Sonatrach, exige des indemnisations financières «de plusieurs milliards de dollars» aux deux groupes espagnols Repsol et Gaz Natural. La demande a été officiellement formulée dans la requête déposée au niveau de la Commission des Nations unies pour le droit commercial international (Uncital). C'est ce que rapportent des sources proches du dossier citées par le quotidien électronique Tout sur l'Algérie. Dans la requête, Sonatrach reproche aux deux groupes espagnols le non-respect des clauses du contrat conclu entre les deux parties en 2004 et ayant trait à la réalisation du complexe GNL de Gassi Touil. Ce retard a causé un sérieux préjudice financier à la compagnie nationale, laquelle se voit contrainte de reporter la réception du projet à 2011. Pour défendre ses intérêts, Sonatrach a confié l'affaire au cabinet international Shaerman and Sterling. Le bureau parisien dirigé par Emmanuel Gaillard sera en première ligne pour défendre les intérêts de Sonatrach. Shaerman and Sterling, cabinet fondé à New York en 1873, est présent à Paris depuis 1963 et compte parmi ses clients des géants de l'économie, dans plusieurs secteurs y compris celui des hydrocarbures. Quant aux groupes espagnols Repsol et Gas Natural, ils sont représentés par le cabinet Uria & Menendez basé à Madrid. La procédure d'arbitrage a débuté il y a quelques jours au niveau de l'Uncital. Elle a été enclenchée, confirment des sources au fait du dossier, à la demande de Sonatrach et non sur demande des deux groupes espagnols, comme ces deux derniers l'ont laissé entendre lors de l'éclatement de la crise. Selon des spécialistes des arbitrages internationaux, «au regard de la complexité et de l'importance du dossier traité, la procédure devrait durer entre 18 et 20 mois». Notons qu' au lendemain de l'annonce officielle de la résiliation du contrat par Sonatrach, la presse espagnole s'est empressée de faire le lien entre cette décision et les divergences de vue entre les deux pays au sujet du conflit au Sahara occidental. Une opinion confortée par des analystes et spécialistes dans les relations bilatérales. Le secrétaire d'Etat espagnol aux Affaires étrangères, Bernardino Leon, a, quant à lui, balayé d'un revers de la main cet argument. Il a affirmé le 13 septembre que «la question énergétique pour l'Algérie est un sujet avec lequel on ne joue pas, et qui n'obéit qu'à des considérations purement techniques et contractuelles». La presse espagnole ne s'est pas arrêtée à ce stade. Elle a évoqué l'existence d'un accord tacite entre Sonatrach et GDF (groupe français) pour la reprise du projet. Mais à ce jour rien n'a filtré officiellement sur l'identité du futur partenaire de la compagnie nationale de l'énergie. Mais cela ne devrait pas poser de problème à l'Algérie. Selon des spécialistes américains, le conflit avec les groupes espagnols est purement commercial. Il n'aura aucune conséquence sur la réputation de Sonatrach qui «reste parmi les meilleurs groupes étatiques au monde en matière de relations avec ses partenaires étrangers». Selon d'au-tres sources citées par Tout sur l'Algérie, les gouvernements algérien et espagnol mènent actuellement des négociations en parallèle pour aboutir à un règlement amiable de ce différend. Selon les médias espagnols, l'entrée de Sonatrach dans le capital du pétrolier Cepsa pourrait figurer au coeur de cette négociation secrète. Dans ce même chapitre, des informations publiées par le quotidien espagnol El Economista, citant des sources anonymes, affirment que «la société nationale des hydrocarbures, Sonatrach, aurait offert 5,7 milliards d'euros à la banque espagnole Santander pour l'acquisition de 30% du capital du groupe pétrolier espagnol Cepsa». Une information qui n'a été ni confirmée ni infirmée par la partie algérienne. Par ailleurs, les observateurs n'ont pas manqué de voir le lien entre les ambitions de Sonatrach envers le marché européen et les nouvelles propositions législatives sur l'énergie, adoptées le 19 à Bruxelles par la Commission européenne (CE), qui visent la séparation de propriété entre la production et les réseaux de distribution de gaz et d'électricité en Europe. Même si du côté algérien l'on estime, à juste titre, que le projet «n'étant pas encore définitif, et pourrait ne pas concerner l'Algérie et sa compagnie publique des hydrocarbures Sonatrach», il s'avère que pour les spécialistes, cette mesure est spécialement conçue pour barrer la route à Sonatrach en Europe.