Au début de l'année 2006, la revue islamiste, Sada Al Djihad, annonçait déjà l'implantation d'Al Qaîda au Maghreb. Le bilan des victimes du terrorisme n'a pas été clôturé avec le projet de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Deux années après l'adoption de ce dispositif légal, le Gspc s'est radicalisé et a poussé le terrorisme à ses extrêmes les plus barbares. La liste des victimes s'alourdit chaque jour que Dieu fait. Deux policiers de la Bmpj ont été tués hier, aux Issers. Cinq personnes ont été tuées et cinq blessées lun di et mardi. Trois gardes communaux ont été tués lundi soir dans une embuscade tendue à leur patrouille par un groupe armé à Tassedane, dans la région de Mila. Un militaire a été tué et cinq blessés dans l'explosion de bombes artisanales, placées par un groupe armé dans le maquis de Ma-Labiod, dans la région de Tébessa. Un gardien de prison a été assassiné mardi soir par un groupe armé à la sortie d'une mosquée de Legata, dans la région de Boumerdès. Par ailleurs, une bombe placée près d'un hôpital de Constantine a été désamorcée dimanche par les forces de sécurité. Le bilan macabre continue. En somme près de 80 personnes ont été tuées dans des violences depuis le début du mois de septembre. Treize uniquement depuis le mois de Ramadhan. Le summum de l'horreur a été atteint lors des deux attentats à la voiture piégée, revendiqués par la branche armée d'Al Qaîda au Maghreb islamique, qui ont coûté la vie à plus de 50 personnes, le 6 septembre à Batna et le 8 à Dellys. Cette escalade de violence terroriste après une année d'accalmie coïncide avec l'internationalisation du dernier mouvement terroriste en Algérie. Empruntant ses modes d'action à Al Qaîda, le Gspc est passé aux attentats kamikazes et accentue l'action propagandiste via Internet. Depuis le 11 septembre 2006 quand le n°2 d'Al Qaîda en Irak, Aymane al Zawahiri, a annoncé l'allégeance du Gspc à Ben Laden, donnant naissance à Al Qaîda Maghreb, la donne sécuritaire en Algérie a été chamboulée. Le terrorisme renaît de ses cen-dres et des voix s'élèvent pour annoncer l'échec du projet de réconciliation nationale conçu et défendu avec acharnement par le président de la République. Il a réaffirmé qu'il ne «renoncerait jamais au projet de réconciliation nationale avalisé par la majorité écrasante du peuple algérien». Bouteflika a par la même occasion accusé des «forces étrangères qui actionnent le terrorisme en Algérie.» L'internationalisation du Djihad en Algérie ne date pas d'aujourd'hui. Elle remonte a l'année 2004 quand Nabil Sahraoui, devenu émir du Gspc, avait reçu Abu Mohammed Al Yamani, émissaire de Ben Laden. Chargé d'établir un contact avec le groupe terroriste algérien, Al Yamani a été éliminé par l'ANP à l'est du pays. Al Qaîda n'a pas pour autant renoncé à son projet d'étendre ses bras au pays du Mahgreb. Au début de l'année 2006, bien avant l'allégeance du Gspc, un article d'une revue islamiste, Sada Al Djihad (échos du Djihad n°07) rédigé par Abou Azzam, un des stratèges d'Al Qaîda intitulé «Al Qaîda se dirige vers l'Afrique». Dans son article, l'auteur explique l'intérêt stratégique pour Al Qaîda de s'implanter au Maghreb. Il explique pourquoi cette partie de l'Afrique est un terrain pour les djihadistes du monde entier, en somme pour la survie du réseau d'Al Qaîda. Un article qui rappelle que le terrorisme en Algérie obéit à d'autres centres de commandement autrement plus puissants que les groupuscules terroristes d'autrefois.