La foule a eu le plus grand mal du monde à se disperser à la fin du meeting. L'enterrement du jeune Bettar Yacine, qui a eu lieu hier dans la cour du siège de l'APC de Souk Oufella, s'est déroulé dans une atmosphère très tendue en présence d'une foule nombreuse venue des quatre coins de la Kabylie. Outre les figures de proue du mouvement citoyen, les élus de certaines formations politiques ont tenu également à y participer. Les organisateurs avaient du mal à contenir les milliers de jeunes qui se sont déplacés en masse à Tilouakadi, village natal du défunt pour un dernier recueillement. C'est sous des applaudissements nourris et des youyous stridents que la levée du corps s'est effectuée du domicile mortuaire. Le trajet séparant le domicile parental du défunt du siège de la mairie était noir de monde. La mise en terre s'est fait, difficilement tant tout le monde voulait s'approcher. Au cours du meeting organisé après l'enterrement, plusieurs délégués du mouvement citoyen ont pris la parole sous les applaudissements d'une assistance, dont le moins qu'on puisse dire, était déjà surchauffée. Au cours de leurs brèves et virulentes interventions, les porte-parole des différentes délégations de wilaya ont fustigé le pouvoir: «Assassin corrompu» devant une foule qui répliquait en scandant: «Ulac smah ulac» et «Ulac l'vote ulac.» Abordant les dernières mesures de déplacement des brigades de gendarmerie, les animateurs les ont qualifiées à l'unanimité d'«insuffisantes» en réitérant les revendications «du départ de toutes les brigades». Par ailleurs, les intervenants se sont focalisés sur la prochaine échéance électorale qu'ils promettent d'«empêcher» et préviennent toute personne ou formation politique qui «oserait y participer». Et comme pour montrer leur détermination, l'un d'eux clamera à plusieurs reprises: «Nous ne reculerons devant rien même si nous devons subir le même sort que Yacine». Avant de promettre enfin un retour proche à Alger, allusion à la proposition d'une marche nationale à l'occasion du 20 Avril. Rencontrés sur les lieux, les animateurs du CPWB, n'ont pas manqué de dénoncer «cette indécente récupération politique de la mort d'un martyr». La foule a eu le plus grand mal du monde à se disperser à la fin du meeting.