«Tous les éléments ont été déplacés hors de la wilaya.» L'opération de déplacement de certaines brigades de gendarmerie implantées dans certaines circonscriptions de la wilaya de Béjaïa a connu, hier, sa première phase d'exécution, apprend-on au niveau du commandement de gendarmerie de cette ville. Contacté par nos soins, le lieutenant-colonel, Sabri, commandant du groupement de gendarmerie de Béjaïa, l'a confirmé. «Les brigades de la Gendarmerie nationale implantées dans les localités de Chemini, Ouzellaguen et Seddouk ont été délocalisées.» «Ces trois brigades ont été remplacées par d'autres de la sûreté nationale», ajoute-t-il en précisant que «tous les éléments ont été déplacés hors de la wilaya». S'agissant des autres brigades concernées par les mêmes mesures, notre interlocuteur s'est contenté de déclarer qu'«il ne fait qu'exécuter» en n'écartant pas, toutefois, la possibilité de la poursuite de l'opération dans les prochains jours: «Nous attendons les instructions.» Depuis quelques jours, des informations contradictoires relatives à ce sujet ont été colportées çà et là à travers toute la région de Béjaïa. Des rumeurs provenant des différentes localités où sont implantées des brigades faisaient état de départs précipités des gendarmes. Au retrait de l'emblème national rapporté, s'ajoutent des échos parlant de cortège de déplacement à des heures tardives de la nuit. Les brigades les plus citées sont celles où ont été enregistrés des décès depuis le début des événements de Kabylie. Si pour trois d'entre elles, le départ est devenu effectif et officiel depuis hier, il n'en est pas de même pour les trois autres. En effet, El-Kseur, Akbou et Adekar avaient aussi enregistré des décès et les brigades demeuraient toujours en place. Sur les sept brigades des circonscriptions données partantes par des informations confirmées, six (Seddouk, Chemini, Ouzellaguen, Akbou, Adekar et El-Kseur) ont connu respectivement quatre, trois, six, sept, deux et trois décès. De leur côté, les animateurs du mouvement citoyen se disent «non satisfaits de ces premiers départs» en réitérant, hier, lors du meeting tenu à l'issue de l'enterrement du jeune Bettar Yacine, la revendication du «départ de toutes les brigades se trouvant sur le territoire de Kabylie». Notons que l'exécution de cette opération de délocalisation ne concerne, probablement, pas toutes les circonscriptions notamment celles se trouvant hors des centres urbains et qui n'ont pas enregistré de victimes et ce, conformément à la décision annoncée par le Président de la République lors de son discours-réponse aux revendications contenues dans la plate-forme d'El-Kseur. Signalons enfin que les édifices des brigades de gendarmerie de Chemini et de Seddouk ont fait l'objet, hier, de destructions systématiques. Les brigades de sûreté nationale qui devaient y prendre place, sont actuellement en attente dans les sièges de daïra.