Le secrétariat national va se réunir pour débattre de cette question et prendre les décisions qui s'imposent. «Nous ne pouvons réagir à chaud. Une information pareille se discute au cours d'une réunion du secrétariat national.» C'est avec ses propos que le patron de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi-Saïd s'est exprimé, hier, sur la dernière déclaration du chef du gouvernement. Ce dernier avait annoncé, dimanche, que les entreprises non solvables seront dissoutes. Le ministre des Finances avait donné le nombre de 120 sociétés. La nouvelle est tombée comme un couperet au moment où les travailleurs s'impatientaient de connaître la «surprise» promise par Sidi-Saïd dès la rentrée sociale. Aucune information à caractère officiel n'a été rendue publique concernant les entreprises concernées par la dissolution. Les secteurs concernés sont, selon certaines évaluations, ceux de l'agroalimentaire, de la mécanique, des produits rouges, des eaux minérales, du bâtiment et travaux publics. La même situation a été vécue en 1998, lorsque les pouvoirs publics avaient pris un certain nombre de mesures, notamment en ce qui concerne la dissolution des entreprises la fermeture d'unités et la compression des travailleurs, plus particulièrement dans les secteurs de la mécanique et de la métallurgie. L'Ugta avait exprimé son inquiétude en interpellant le gouvernement dans ce sens rappelant l'accord conclu, lors de la bipartite du 26 mars 1998 qui conditionne de telles opérations à l'accord préalable du partenaire syndical. En réaction, le gouvernement avait précisé que l'ensemble des opérations de dissolution menées depuis la précédente bilatérale et qui avaient touché un certain nombre d'entreprises publiques locales (EPL), avait fait l'objet d'une concertation avec le syndicat d'entreprise concerné, matérialisée par la signature d'un accord. Les deux parties sont convenues, à l'époque, de l'arrêt des dissolutions des entreprises d'une part et qu'à l'avenir toute entreprise en état de faillite sera soumise aux règles légales du Code du commerce et de gestion des capitaux marchands de l'Etat d'autre part. Notons qu'entre 1994 et 2000, 720 entreprises publiques ont été dissoutes pour 13,4 milliards de dinars de ventes d'actifs au titre des opérations de liquidation. Le Trésor public a déboursé pas moins de 210 milliards de dinars pour permettre à ces entreprises de financer les volets sociaux (allocations chômage, retraites anticipées et départs volontaires) et éponger leurs dettes. En 2005, réagissant à la décision de privatisation de 1200 entreprises publiques, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, avait rendu publics quelques chiffres effrayants: 1500 entreprises publiques ont été dissoutes entraînant la liquidation de 1,2 million d'emplois permanents. Depuis, selon les statistiques officielles, 1,5 million de travailleurs travaillent au noir, surexploités et sans aucune protection sociale.