A Constantine et à Boumerdès, on entend bien marquer l'événement. Cette date, arrêtée par l'Institut international du Théâtre, en 1961, voudrait fédérer les hommes et les du Quatrième Art de par le monde autour d'une vision globale et universelle de la représentation scénique. Pour ce faire, chaque célébration est sanctionnée par un message international écrit par une personnalité du monde du théâtre. Cette année le choix de l'Institut est allé à M.Girish Karnad, auteur dramatique indien qui a occupé plusieurs postes de responsabilité dans les secteurs culturel et artistique de son pays. Récompensé en 1999 par Bharatiya Jnanpith, le prix littéraire le plus prestigieux en Inde, il a également réalisé des films, plusieurs fois primés sur les plans national et international. Le texte est chaque année distribué par le biais d'organismes d'information et sa lecture se fait ainsi partout dans le monde à l'occasion des manifestations et des rencontres marquant l'événement. Le message de Girish Karnad traite de la première représentation théâtrale de l'humanité au temps de l'ancienne Inde, mettant en scène la lutte entre le dieu du bien et les démons et autres génies du mal. Une lutte dans laquelle les démons utilisent leurs pouvoirs surnaturels pour paralyser la parole, les mouvements et la mémoire des acteurs. L'auteur du message souligne que «le mythe de la première représentation théâtrale nous démontre que dans le théâtre dramatique, les comédiens et le public constituent un tout qui sera toujours instable et par conséquent potentiellement explosif». M.Karnad en arrive à la conclusion que «le théâtre signe son propre arrêt de mort lorsqu'il essaie d'avoir un jeu trop sûr et sans risque». C'est aussi «pour cette raison, même si les perspectives semblent souvent peu encourageantes, que le théâtre continuera à vivre en étant provocateur». Pour célébrer cette journée particulière, le Théâtre régional de Constantine organise, du 27 au 29 mars, plusieurs représentations théâtrales ainsi que des conférences et des débats autour du quatrième Art. La wilaya de Boumerdès, entend, elle aussi, marquer l'événement. Le centre culturel Rachid-Mimouni abrite, depuis lundi, une série d'expositions notamment des livres scolaires et éducatifs, des dessins pour enfants, des travaux manuels réalisés par des handicapés ainsi que des tables rondes sur l'eau, le monde du théâtre, des jeux et des concours de réflexion. Ce programme, spécialement destiné à la jeune génération, vise aussi à l'initier aux subtilités des arts scéniques. Dans ce sens, les organisateurs ont prévu des spectacles de danse classique, moderne, de chant et de musique, la projection de films vidéo, des spectacles de magie, de clowns, de marionnettes et des pièces de théâtre ainsi que des sorties à Alger pour la visite du Théâtre national algérien, du Jardin d'essais, du centre équestre de Corso, la Protection civile, le Musée des arts plastiques, celui de l'enfant et la maison du roi. A Constantine, en revanche, l'ambiance sera plus studieuse. Après la lecture du message international de Girish Karnad, le TRC présentera au public la pièce Khat er'mel, adaptée par Amar Mohsen à partir du texte En pleine mer de M'zorek et mise en scène de Allaoua Zermani. Des conférences sont également prévues au cours de cette journée. La première conférence, animée par l'artiste plasticien Amar Allalouche, aura pour titre Un plasticien dans la ville, pendant qu'une seconde conférence sur le théâtre sera donnée par l'universitaire Abdelmadjid Merdaci. Le message international sera de nouveau lu jeudi, avant la lecture de la pièce La graine et l'épi de Meliani Ahmed qui sera suivie par la présentation de la comédie musicale Aarous el matar de Selim Souhali, dont la mise en scène et la chorégraphie ont été assurées par Mme Messaouda Idem. La comédie jouée par une troupe de Batna laissera place, l'après-midi, à une rencontre avec l'artiste Allalouche. Les enfants ne seront pas oubliés dans ce programme qui prévoit, vendredi, une pièce, mise en scène par Reddaf Aïssa, Noureddine Merouania et Benaziez, intitulée Kazmane. La Journée mondiale du théâtre aura certainement un grand écho à Constantine et retiendra l'intérêt des artistes et hommes de culture, appelés à être les acteurs d'un débat sur le théâtre et le contenu du message international de cette année. Pour rappel, l'Institut international du Théâtre est une organisation non gouvernementale, fondée en 1948 à Prague par l'Unesco. Elle compte 90 centres et associés dans le monde qui oeuvrent, entre autres, à stimuler la création et à élargir la coopération entre gens du théâtre, à sensibiliser l'opinion publique à la prise en considération de la création artistique, à s'associer pour la défense des idéaux et des buts définis par l'Unesco et enfin à la lutte contre toutes les formes de racisme ou de discrimination sociale et politique.