La courgette: de 30DA elle saute à 70DA, voire 100DA. Alors que le Ramadhan tire à sa fin, Alger semble respirer. Les automobilistes arrivent à circuler avec aisance et trouvent des endroits où se garer sans trop de peine. Mais cette impression de décontraction ambiante n'est qu'une simple apparence, car les marchés de la capitale manifestent encore de la surenchère avec des prix inabordables. Virée dans les rues d'Alger: 11h La rue de Tanger est encore déserte et renseigne sur la fatigue qui a gagné les corps et les esprits après un long mois de jeûne. Essoufflés, les citoyens tentent néanmoins de négocier les prix de leurs emplettes dans un ultime effort. A cette heure matinale, et dans ce vieux quartier de la capitale, l'odeur de la galette embaume l'atmosphère, alors que des camionnettes pleines à craquer de pommes de terre envahissent les trottoirs. Abordé, un chauffeur et non moins commerçant descend de l'une de ces voitures. Nous l'abordons pour savoir où en est le fameux tubercule. Il répond: «Pas le temps! Faites le tour et vous serez fixés, c'est à vous seuls de juger. Revenez après!» Business oblige! Plus loin, et dans une ruelle adjacente à l'hôtel d'Angleterre, nous constatons des étals de fruits. Nous remarquons alors que les prix des fruits culminent encore à la veille de la Fête. A titre d'exemple, la banane revient à 120DA le kg pour une qualité douteuse. Un quidam la négocie et part en fulminant, criant son étonnement en arabe dialectal: «Ya sahbi...!» Dans un coin de rue, une dame Bcbg et que nous approchons déclare qu'elle n'est pas outrée outre mesure par les prix et révèle en guise d'explication que c'est son mari qui fait habituellement les courses durant le mois sacré. Ici les dattes exposées à même le trottoir sont cédées à 180DA. Le vendeur argumente cependant: «C'est de la deglet Nour!» En empruntant la rue Ben M'hidi, nous constatons que ce sont les boutiques de chaussures et de vêtements qui sont soudainement prises d'assaut, vu que ces dernières pratiquent la formule des soldes avec des marges allant jusqu'à 40%. Ces magasins font florès dans les principales artères de la capitale, notamment rue Didouche-Mourad. La place Maurice Audin affiche une mine sereine avec aux alentours des commerces aux devantures alléchantes. Immédiatement, au début de la rue Didouche Mourad, les policiers sont sur le qui-vive et harcèlent tous les auteurs de stationnement impromptu. A hauteur du quartier Meissonnier, un doux parfum de kalbellouz chatouille l'odorat. Aux alentours, les étals de vêtements pour enfants sont littéralement pris. Des vendeurs proposent en effet des ensembles à des prix défiant toute concurrence, avec par exemple quatre articles cédés à 350DA. Mais le phénomène de la mendicité où femmes et enfants «gisent» à même le sol, prend ici une dimension carrément choquante. Juste avant le grand marché de Meissonnier, on remarque que la police a réussi cette année à imposer le respect dans la rue, puisqu'aucune trace de commerce anarchique ne gêne la circulation ou le passage des piétons. Mais le contrôle de la mercuriale semble avoir échappé aux autorités dans l'enceinte même de l'important marché. En témoignent les navets cédés à 80DA, la tomate à 50DA, les poivrons à 70DA et contre toute attente, la courgette qui flirte avec les 100DA. Renseignement pris, on apprend que c'est encore là un coup des spéculateurs et autres, faune qui impose son diktat à la source, c'est-à-dire dans les marchés de gros. La viande, quant à elle, est restée fidèle à elle-même avec des prix atteignant la barre des 700DA et auxquels le consommateur a fini par s'y habituer tout au long d'une période qui n'a pas eu du tout de répit pour le porte-monnaie de la ménagère.