Les prix sont comparables à ceux pratiqués au cours du mois de Ramadhan, une période de pic de la consommation. L'escalope de dinde est cédée à 720 dinars le kilogramme. Inadmissible. D'emblée, on se rend compte que les prix sont convenablement affichés sur la plupart des étals des marchands de fruits et légumes. Pas trop de bousculades vers 11h. C'est plein de couleurs, gais avec un petit air frais qui donne envie d'acheter. Mais gare au moment de payer, mieux vaut réfléchir à deux fois. Au marché Ferhat-Boussaâd (ex-Meissonnier), on trouve de tout, à des prix plus élevés qu'à celui de Clauzel. À titre d'exemple, et à tout seigneur tout honneur, le prix de la patate nouvelle (la pomme de terre des chambres froides est quasi introuvable, afin qu'elle laisse la place au nouveau cru d'arrière-saison) s'affiche à 45 DA/kg, avec sa gangue de terre rougeâtre qui signale son origine d'Aïn Defla ou de Mascara, évidente, selon toute apparence. Il est vrai que la plupart des produits maraîchers sont cultivés sous serre et que les récoltes de plein champ ont disparu des étals depuis la fin octobre, pratiquement. Les poivrons coûtent 160 DA/kg, les piments piquants, pour adultes vaccinés, sont proposés à 140. La tomate est cédée à 90 DA et les oignons 40 DA, les haricots verts entre 80 et 90 DA/kg, haricots à écosser entre 120 et 140 DA, carottes 60 DA, navets 50 DA, courgettes 60, fèves 80, choux-fleurs 50, fenouil 70, cardes 40, salade (laitue) 80 DA. Les viandes blanches coûtent 350 DA/kg le poulet vidé, 720 DA/kg l'escalope de dinde et les œufs 11 DA l'unité. Vous gagnez 10 dinars en achetant un plateau qui vous reviendrait sinon à 330 DA. Quant aux viandes rouges, les prix de la viande de mouton et de bœuf se rapprochent de plus en plus. Le kilo de viande de mouton est proposé à 750 DA, contre 650 pour la viande de bœuf. Naturellement, les beaux morceaux de bœuf coûtent nettement plus cher, environ 1 000 à 1 100 DA/kg le rumsteck. Les prix affichés au marché ex-Clauzel sont légèrement inférieurs à ceux de Ferhat-Boussaâd : la pomme de terre nouvelles est au même prix, alors que les navets, carottes tomates et autres courgettes sont moins chers de 10 DA. Les cardes, d'apparence plus fraîche, coûtent plus cher et affichent 45 DA. Les oranges Thompson, cueillies avant terme et sans doute encore aigres, 60 DA, clémentines entre 80 et 120 DA, selon qu'elles soient dépourvues ou non de pépins. On peut avoir des pommes locales, petites et sucrées, à 60 DA, de grosses poires locales, entre 100 et 140 DA le kilogramme, ou même profiter des dernières grappes de raisin de l'année en y mettant le prix : 140 DA. Reste, tout le reste, l'éternel problème du fardage dont personne ne souhaite assumer la responsabilité. Les marchands de fruits et légumes, qui soignent et astiquent leurs étals, ne manquent pas de vous refiler de minuscules carottes cachées derrière les plus belles pour attirer le chaland, et quelque part le tromper. “C'est à cause des cultivateurs”, disent les marchands, ou des marchés de gros, ou de l'absence de mercuriale et de classement des produits, selon un premier, un deuxième et un troisième choix, et à chacun son prix. Au lieu, comme le laisse entendre un marchand, de contraindre le marchand de fruits et légumes de tenter de tricher pour vendre une marchandise acquise à prix d'or. À ce propos, le prix de gros de la tomate était de 75 DA, pour celle qui s'affichait à 90 DA/kg au détail. Mais on est en novembre tout de même, et la saison des tomates, poivrons, courgettes et haricots verts est passée et bien passée, à en croire les prix ! Rien donc n'a changé : les services du commerce ne parviennent pas, faute d'une volonté politique, à organiser le marché intérieur et donc à empêcher que les prix n'atteignent des proportions insoutenables encouragées par la spéculation, la revente de produits par plusieurs mains et les transactions en dehors des circuits officiels. Djamel Zidane