Le groupe espagnol Obrascon-Huarte-Lain (OHL) enregistre des retards importants sur les projets contractés en Algérie. Le groupe ibérique -qui n'a pas montré auparavant des résultats probants- a saupoudré ses efforts sur les grands projets acquis en Algérie, a-t-on appris. «Un enlisement au-delà de ces capacités réelles», dira un responsable au fait du dossier. Selon une source fiable, le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, a refusé de payer OHL à cause du retard important des travaux de la deuxième rocade d'Alger. Cette rocade aurait dû être livrée en 2009. Jusqu'à cette date, OHL patauge toujours. Aucune date de l'aboutissement du projet n'a été donnée. EN fait, le projet a été confié au groupe espagnol en 2006, pour 450 millions d'euros. Mais la réalisation de ce périphérique de 65 kilomètres traîne toujours. Initialement, la seconde rocade algéroise devrait être réceptionnée pour la fin 2008. Elle a été ensuite reportée à juillet 2009. Puis fin 2009. Trois reports consécutifs sans que la rocade ne soit livrée. Les travaux pourront perdurer au-delà du 2ème semestre 2010, apprend-on. Pour ce retard, OHL justifie le retard du chantier par la lenteur des opérations d'expropriation et le déplacement d'un pipeline. Le déplacement des lignes électriques, les AEP ou les lignes téléphoniques peut prendre plusieurs mois, selon les responsables d'OHL, qui accusent indirectement, la bureaucratie algérienne. «Sonelgaz, l'Algérienne des eaux et Algérie Télécom envoient des équipes pour ces travaux… selon leurs humeur. On adresse des demandes et on attend des mois durant lesquels les travaux restent toujours à l'arrêt. Les sociétés ne coopèrent absolument pas», avait déclaré un responsable d'OHL à la presse. Toutes ces justifications ont été carrément réfutées par les pouvoirs publics algériens. Quant au projet de la réalisation de la voie ferrée Annaba–Ramdane Djamel, mis sous l'égide de cette même entreprise espagnole en consortium avec le groupe algérien Infrarail, elle accuse des retards importants, selon notre source. Les travaux qui devaient être terminés en 2009, n'affichent aujourd'hui qu'un taux de réalisation ne dépassant pas les 40 %. Décroché en 2006, ce contrat d'un montant de 248 millions d'euros prévoit la création d'une nouvelle voie ferrée et le réaménagement de la ligne existante, pour permettre la double circulation des trains à une vitesse de 160 km/h. Selon les clauses du cahier de charges entre les deux parties, les travaux devaient durer 39 mois. Le chantier est resté en jachère durant 19 mois, ce qui a poussé les dirigeants de l'Agence nationale d'études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (ANESRIF) a pressé OHL à maintes reprises pour démarrer les travaux. Les responsables d'ANESRIF semblaient convaincus que le groupe espagnol ne pourra pas honorer ses engagements dans les délais…car il fait dans l'amateurisme. Pressée, à son tour, par les pouvoirs publics, l'ANESRIF a même menacé OHL de résilier le contrat en octobre 2007, mais rein n'a été fait jusqu'à ce jour. Pour rappel, OHL détient 85 % des parts dans ce projet et le reste du capital est contrôlé par la société publique Infrarrail, filiale de la SNTF. A Oran, OHL ne sait pas sur quel pied danser L'inauguration du le Centre des conventions (CCO) et sont hôtel cinq étoiles «Le Méridien» d'Oran prévue le 24 février, a été reportée. Acquis par l'acrobatie du gré à gré, ce projet qui coûté les yeux de la tête, plus de 400 millions de dollars, commandé par la Sonatrach, se conclut juste à temps pour le congrès mondial du GNL, en avril. À quelque deux mois de l'échéance de la GNL 16, le CCO n'a pas encore était livré. Les essais techniques seront opérés directement pendant le déroulement du GNL16, après le report de la réunion de l'association internationale de l'industrie gazière (AIIG). Un grand risque que devait prendre l'Algérie, car au moindre faux pas, c'est toute l'image de l'Algérie qui sera ternie. In fine, les responsables d'OHL ne veulent plus répondre aux questions des journalistes, puisque toutes les justifications ont été éreintées, note-t-on. Gare à la sous-traitance locale Les responsables algériens reprochent au groupe espagnol, qui a étonné à juste titre tous les observateurs externes en obtenant des dizaines d'importants contrats dans un temps record, un recours «abusif» à la sous-traitance locale. En fait, OHL obtient des contrats pour faire ensuite appel à des sociétés locales pour réaliser les travaux. C'est en partie ce qui explique les retards pris dans les projets confiés à OHL, juge-t-on. Pour rappel, le président de la République avait auparavant dénoncé publiquement ce genre de combines très répandues parmi les groupes étrangers en Algérie, mais le ministère des Travaux publics n'a pas vraiment pris de mesures pour imposer une présence accrue des groupes internationaux dans la réalisation des projets.