Pourtant, l'Algérie a, en la matière, mis en place un important arsenal juridique. Loin. Loin est la justice algérienne dans le traitement des affaires relatives au blanchiment d'argent. Des lacunes constatées font que plusieurs affaires traînent en longueur sans pour autant que des solutions soient avancées. Ce constat a été relevé par le directeur général de la police judiciaire, Rabah Ladj, lors d'un point de presse animé hier en marge des journées d'étude et d'information autour de l'Organisation internationale de la police criminelle (Interpol), qui se tient au siège de l'Institut national de la police criminelle, à Alger. Le premier responsable de la police judiciaire a imputé cette «tare» aux juges d'instruction algériens qui ne traitent les dossiers relatifs au blanchiment d'argent qu'au niveau interne. Pourtant, souligne M.Ladj, «la loi leur permet de solliciter des commissions rogatoires internationales qui peuvent leur être d'un apport considérable à même de régler plusieurs affaires et pas des moindres». Les conventions multilatérales ou bilatérales signées entre l'Algérie et les autres pays du monde, notamment membres d'Interpol, sont susceptibles de faciliter la tâche aux juges d'instruction algériens. Mais, pour ce faire, «ces derniers doivent avoir la capacité d'agir, voire celle de prendre l'initiative, au même titre que leurs camarades étrangers». D'autant plus que l'Algérie ne cesse, notamment ces derniers temps, d'élaborer des lois à même de contrecarrer le phénomène du blanchiment d'argent, étroitement lié aux autres fléaux qui sont d'une égale gravité que le précédent, à l'instar du trafic de drogue et du financement du terrorisme. Il est sans doute utile de rappeler que le Parlement algérien a adopté, en 2005, une loi relative à la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Ce texte de loi vient en application de la Convention des Nations unies contre le crime transnational organisé, signée en 2000, et qui a été ratifiée par l'Algérie, en novembre 2003. Les trois phénomènes constituent le principal casse-tête de la totalité des pays de la planète. Pour preuve, les chiffres transmis par l'Organisation internationale de la police criminelle permettent de prendre connaissance de la gravité et de l'ampleur de ces phénomènes, qui plus est, relèvent de la criminalité organisée. En ce sens, les affaires relatives au trafic de drogue traitées par le bureau d'Interpol à Alger avec les autres bureaux de la même organisation, sont en nette évolution. En effet, après avoir été de 319 en 2004, ce nombre est passé en 2005 à 258 affaires traitées, pour remonter d'une façon brusque, en 2006 et atteindre le nombre de 400 affaires. Le directeur du bureau Interpol à Alger, Abed Benyamina a, dans ce sens, indiqué que, pour le moment, l'Algérie demeure toujours une zone de transit pour les différents trafiquants de drogue, notamment de l'Europe occidentale, travaillant avec des trafiquants algériens. Le représentant d'Interpol à Alger a souligné que son bureau coopère, notamment avec l'Espagne, la France et l'Italie. Pour ce qui est de la France, par exemple, les échanges (dans tous les domaines) concernent 313 affaires en 2004, 460 en 2005, pour connaître une baisse infime de 452 affaires en 2006. Par ailleurs, au sujet du nombre de personnes recherchées par le bureau Interpol d'Alger, le conférencier a laissé sur leur faim les journalistes de la presse nationale. Pour le directeur général de la police judiciaire, M.Ladj, il n'est pas possible d'avancer le nombre exact d'Algériens impliqués dans les réseaux terroristes et contre lesquels des mandats d'arrêts internationaux ont été lancés. Le conférencier a expliqué cela par le fait que «le nombre de personnes compromises dans des affaires terroristes n'est pas fixe, et qu'il change constamment».