Karim Tabbou invite le ministre de l'Intérieur à un débat télévisé sur le rejet de ses listes dans certaines wilayas du pays. «Le FFS détient des preuves irréfutables sur les dépassements graves de l'administration envers les listes du FFS.» C'est en ces termes que le premier secrétaire du FFS, Karim Tabbou, a tenu à répondre aux déclarations de Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, qu'il accuse de porter atteinte à l'honneur des citoyens algériens jouissant de tous leurs droits civiques et politiques. Le ministre de l'Intérieur avait déclaré que certains candidats portés sur les listes du FFS, rejetées par l'administration, «représentaient un danger et une menace à l'ordre public et à la sécurité publique». Les faits concernent certaines wilayas dont Tissemsilt, Msila, Khenchela et Ghardaïa. Au niveau de cette wilaya, le wali a rejeté huit dossiers sur les neuf que comporte la liste FFS. Liste rejetée sous motif qu'elle comporte des noms de personnes qui représentent «une menace sur l'ordre public et un danger sur la sécurité publique» ou «ayant des antécédents judiciaires». Pourtant, la liste du FFS est menée par une figure de proue dans le combat pour les droits de l'homme dans la région mozabite, en l'occurrence Hamoudi Fekhar. Pour ce cas précis, Karim Tabbou a tenu à affirmer que «tous ces militants ont présenté des casiers judiciaires ne portant aucune mention d'antécédent judiciaire». Mieux encore, le premier secrétaire du FFS s'étonne d'entendre le ministre de l'Intérieur traiter des citoyens de la sorte sans saisir la justice si vraiment ils constituent une menace sur la sécurité nationale. Aussi, il a tenu à confirmer que «les militants ciblés sont des potentiels vainqueurs dans leurs communes respectives et que sur ce plan, les services du département de Zerhouni semblent avoir bien fait leur boulot en l'alertant sur les capacités des uns et des autres à sortir gagnants dans les prochaines élections.» Par ailleurs, et dans une déclaration remise aux journalistes présents en nombre très réduit, sept au total, Karim Tabbou a dénoncé le fait que «les listes de candidatures se voient passer par le filtre des services de police» ce qui est contraire, d'après le conférencier «aux affirmations officielles qui proclament que les dossiers sont étudiés par les instances habilitées, telles que la justice et l'administration». M.Tabbou a également relevé «de flagrantes contradictions et des contrevérités dans les propos du ministre de l'Intérieur», dans le cas du rejet des listes APW et APC à M'sila. Il étale devant les journalistes une correspondance émanant du wali qui justifie le rejet par le non-respect des limites des horaires de dépôt stipulées par la loi, et l'absence d'un procès-verbal d'un huissier de justice mentionnant le dépôt des listes et l'horaire. «Faux!» réplique le porte-parole du FFS qui exhibe le fameux procès-verbal signé par Me Benaïssa Abdelhafidh (huissier de justice à M'sila), qui énonce qu'«en date du 09 octobre 2007, durant la tranche horaire (21h et 00h), il était en mission, chargé par le wali de M'sila, pour superviser l'opération de dépôt des dossiers de candidatures aux élections locales (APW et APC) et que pendant notre mission, nous avons constaté que M.Rahmouni Nacer Eddine a remis la liste des candidatures aux agents de l'administration chargés de la réception des dossiers. Après contrôle, il a été demandé au représentant du FFS de compléter le dossier, il était 10h30. La liste de candidatures a été finalisée à 00h. A 1h30 le dossier du FFS est déclaré complet et accepté par l'administration.» Ce sont là des détails contenus dans le PV signé par l'huissier de justice chargé par l'administration de constater le déroulement de l'opération de dépôt des listes de candidatures. A savoir si le FFS pense à mettre à exécution sa menace de boycott, le premier secrétaire du FFS a tenu à dire que «son parti est conscient que l'administration le pousse à prendre une telle décision mais il faut savoir que le FFS se réserve le droit de réagir avant, pendant et après le déroulement du rendez-vous électoral». A la question de savoir comment le FFS interprète le geste de l'administration, Karim Tabbou a dénoncé «la volonté délibérée de l'administration de confiner le FFS dans un espace bien déterminé pour lui enlever toute représentation ou implantation nationale». Dans un autre aspect, le conférencier a laissé entendre qu'«une géopolitique électorale est en train de se mettre en place. Ce qui explique, d'ailleurs, le rejet des listes APC et surtout APW dans des wilayas stratégiques dans la perspective d'une guerre de succession». A comprendre par là que le pouvoir cherche à anticiper sur le déroulement des prochaines élections présidentielles prévues en 2009. Interrogé sur le rôle qu'auraient joué les deux partenaires politiques du FFS, Hamrouche et Mehri, dans la confection des listes, mises en cause par l'administration de Zerhouni, Karim Tabbou a fait savoir que le FFS a décidé d'adopter une politique d'ouverture sur la société civile et les personnalités issues du mouvement associatif pour asseoir sa politique. «D'ailleurs, plus de 50% de nos candidats ne sont pas des militants du parti mais des acteurs de l'animation du mouvement syndical et associatif.» Une démarche qui semble déranger des cercles du pouvoir qui redoutent un renforcement politique du FFS qui s'est déclaré comme une alternative démocratique au système en place.