La France des droits de l'homme tremble dans ses fondements et confirme l'échec, depuis toujours, de sa politique en Afrique. La politique de rupture du nouveau président français, Nicolas Sarkozy, est confrontée à de rudes épreuves. Depuis l'élection de Nicolas Sarkozy, l'Etat français ne cesse de multiplier les échecs sur le plan de la politique étrangère. Déclarations controversées de Bernard Kouchner en Irak, prêche pour une guerre contre l'Iran, discours jugé «raciste» du président français au Sénégal pour arriver, enfin, au soutien à la politique coloniale du Maroc au Sahara occidental. De quelle «rupture» parlait alors M.Sarkozy aux Français avant son investiture à la tête de l'Etat français? Le soutien officiel et public du président français à la «marocanité» du Sahara occidental vient ainsi conclure, jusqu'ici du moins, une gravissime série de dérapages de la politique étrangère du nouvel hôte de l'Elysée. Au Palais royal, Nicolas Sarkozy est allé plaider pour une Union méditerranéenne qu'il tua dans l'oeuf. Par là même, il engage l'Etat français dans une impasse difficile à surmonter du fait que la question du Sahara occidental est considérée par les Nations unies comme étant une affaire de décolonisation dont l'issue ne peut se faire que par le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Une position lourde de conséquences pour une France qui est membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU et n'ignore rien des tenants et aboutissants d'un contentieux qualifié par l'Assemblée générale de l'ONU comme étant l'un des derniers dossiers de décolonisation subsistant dans le monde et dont le mandat a été donné au secrétaire général de l'ONU pour en trouver l'issue. Les Européens sont loin d'être à l'unisson sur cette question comme c'est le cas de l'Italie qui a joué un grand rôle au sein des Nations unies pour l'adoption de la résolution 1754 du 30 avril dernier, confirmant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Dans la forme comme dans le fond, aucun pays européen ne soutient aussi, d'une manière ou d'une autre, ce déni de droit qu'est l'occupation du territoire du Sahara occidental par le Maroc. La France des droits de l'homme tremble dans ses fondements et confirme ainsi l'échec, depuis toujours, de sa politique en Afrique. Le président français avait pourtant déclaré «notre deuxième grand objectif doit être de promouvoir sur la scène internationale les valeurs universelles de liberté et de respect des droits de l'homme et de la dignité humaine, car la France n'est vraiment elle-même que lorsqu'elle incarne la liberté contre l'oppression et la raison contre le chaos». Et voilà un président qui n'hésite, semble-t-il pas, à remettre en cause les principes fondamentaux de la France qu'il rappela opportunément. Interrogé récemment sur la présence militaire française en Afrique, de plus en plus contestée, Nicolas Sarkozy avait expliqué que la première mission de la France consiste à aider l'Union africaine à construire une architecture de paix et de sécurité régionale qui permettra au continent de disposer d'un outil pour mieux garantir, solidairement, sa stabilité. Et d'ajouter que cette présence française en Afrique répond aussi, parfois, à la nécessité de s'impliquer dans une crise à titre humanitaire, afin de préserver la sécurité des populations civiles. Quelques mois après ses déclarations sur la politique extérieure de son pays, le président français semble remettre en cause son premier modèle de politique étrangère. Il semble surtout ignorer le danger qu'induit son soutien à la politique d'occupation marocaine du Sahara occidental pour la sécurité et la paix dans la région du Maghreb. Et dire que cette même région est concernée par le projet de Sarkozy dit d'Union méditerranéenne. La question qui s'impose est de savoir comment peut-on donc soutenir la sécurité pour tous et hasarder, par la même, les valeurs par des projets engageant la paix des Etats. Une équation à plusieurs inconnues. Nicolas Sarkozy, pour mémoire, a surtout déclaré un jour que même si «la France n'est vraiment elle-même que lorsqu'elle incarne la liberté contre l'oppression et la raison contre le chaos», le troisième grand objectif de sa politique étrangère est de «promouvoir nos intérêts économiques et commerciaux». C'est justement la raison, semble-t-il, du soutien officiel et public de Sarkozy au projet «d'autonomie» marocain pour le Sahara occidental. Une politique à l'américaine. Néanmoins, il est vrai que ce soutien défendrait mieux les intérêts commerciaux de la France au Maroc, mais il risque tout de même d'engager l'Hexagone dans un bourbier diplomatique qui lui serait préjudiciable et lourd de conséquences.