L'Algérie est l'un des pays placés en pole position pour bénéficier des dividendes de cette aubaine. Selon le dernier rapport annuel publié par l'Agence d'information sur l'énergie (EIA), la consommation mondiale de l'énergie augmenterait de 60% d'ici à 2020. La demande, note le rapport, devrait croître surtout dans les pays en voie de développement, en particulier l'Asie, l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud. Le rapport précise également que les pays de l'Opep seront les principaux bénéficiaires de l'augmentation de la demande de brut, mais d'autres régions, tels le bassin de la mer Caspienne, l'Amérique latine devraient aussi en profiter. La consommation mondiale de pétrole, qui a connu un ralentissement en 2001 en raison de la récession (moins de 100.000 b/j), devrait progresser de 600.000 b/j fin 2002 pour atteindre 119 millions de barils par jour en 2020. De cette étonnante progression en perspective, l'Algérie est placée en pole position des pays qui vont en tirer des dividendes en sa qualité de membre très actif au sein de l'Opep et de puissant producteur de gaz naturel. Seulement, réviser la manière d'utiliser l'argent du pétrole est plus que nécessaire, quand on sait que les 450 à 500 milliards de la rente pétrolière n'ont pas suffi à l'Algérie d'endiguer les différentes crises qui minent la société. Cet impératif est d'autant plus justifié, surtout que les pays industrialisés font de la maîtrise des enjeux énergétiques une sérieuse affaire stratégique. Ils ont progressivement maîtrisé leur importation externe pour retourner à l'ère de l'énergie abondante et bon marché. Aussi, les marges de manoeuvre des pays exportateurs se sont drastiquement rétrécies et se sont retrouvées devant un paradoxe à la juste mesure des espoirs américains et occidentaux: les fournisseurs de pétrole et de gaz naturel sont aujourd'hui plus dépendants vis-à-vis de leur exportation que les pays consommateurs de leur importation. Le jeu des indépendances a profondément changé après le redéploiement géographique des compagnies pétrolières et la nouvelle donne géopolitique. Ainsi, grâce à la mer du Nord (7 millions de barils par jour), la dépendance de l'Europe occidentale par exemple, vis-à-vis du pétrole importé, est passée de 97% en 1973 à moins de 50% en 2000. Pour le gaz naturel, l'Europe a augmenté ses capacités de stockage et surtout diversifiée ses fournisseurs pour plafonner sa dépendance extérieure à 30%. Ces chiffres confirment que des incertitudes pèsent encore sur le marché et les prix en dépit des perspectives très optimistes à l'horizon 2020, publiées dans le rapport de l'Agence d'information sur l'énergie. Cela dit, le pétrole et le gaz seront encore pour longtemps la source principale d'énergie. Les réserves prouvées ont atteint des niveaux confortables: 140 milliards de tonnes pour le pétrole et 135 milliards de TEP pour le gaz naturel. A ces réserves il faut ajouter les ressources ultimes restant à découvrir que les experts estiment entre 350 et 450 milliards de tonnes pour le pétrole et de l'ordre de 350 à 450 milliards pour le gaz naturel. Comparées aux consommations cumulées à ce jour (environ 100 milliards de tonnes pour le pétrole et 35 milliards de TEP pour le gaz), on ne peut mesurer combien est loin la fin du pétrole et encore plus loin celle du gaz. Le monde devrait disposer au minimum de 100 ans de ressources pour le pétrole et 150 ans pour le gaz.