C'est un Abdelaziz Belkhadem tout sourire qui réapparaît une semaine après son remplacement à la tête du gouvernement par Ahmed Ouyahia. Affichant un air enjoué et exagérément amusé et serein, l'ex-chef de gouvernement, qui a troqué son costume de premier responsable de l'Exécutif pour un très souple et léger ensemble estival, semble vouloir donner l'image d'un homme soulagé de voir dégarnir ses épaules des lourdes responsabilités de patron de l'Exécutif. Se disant point affecté par son départ de l'Exécutif, Belkhadem souligne : « Je n'ai pas été obnubilé par la fonction lorsqu'elle m'est échue, de même que je la quitte sans regret ni tristesse ». Et d'ajouter : « Chaque étape a ses propres hommes. Ce changement de gouvernement est dans la nature même de l'activité politique. Le chef de l'Etat a des prérogatives qu'il a utilisées », commente Abdelaziz Belkhadem en marge du séminaire organisé hier par le FLN au Palais de la culture à l'occasion de la célébration de la Fête de l'indépendance et de la jeunesse. Tout en affirmant avoir été informé au préalable sur la décision de son remplacement, Belkhadem ne soufflera mot sur les motivations d'une telle décision. Il semblerait même qu'il n'en connaît pas les contours, puisqu'à la question de savoir si le président de la République lui a donné les raisons de son remplacement, il répondra que « le chef de l'Etat n'est pas tenu de lui apporter des explications ». Belkhadem qui avait appelé à un changement de gouvernement pour se « défaire » de certains ministres, se retrouve éjecté de son poste alors que les ministres sont maintenus. L'ex-chef de gouvernement affirme qu'il savait et qu'il s'attendait à cette décision qui n'est aucunement liée à ses propos critiques sur le projet d'union pour la Méditerranée. « Mon départ était prévisible et attendu », dit-il. Interrogé sur les critiques émises sur le bilan du gouvernement qu'il a dirigé, notamment celles émanant de la bouche de son successeur Ahmed Ouyahia, Belkhadem dira : « Libre à lui de porter ses jugements, mais il faut savoir que ce sont les mêmes ministres qu'il a lui-même dirigés que j'ai dirigés et qu'il dirige encore aujourd'hui. » Ceci, en soulignant qu'il apporte son soutien total à l'actuel gouvernement, Belkhadem réfute aussi que la décision présidentielle soit dictée par la volonté de faire appel à ses services pour prendre la vice-présidence de la République. « Nous n'avons jamais intégré dans notre proposition sur la révision de la Constitution la création du poste de vice-président », explique Belkhadem. Ainsi, le poste de vice-président ne fait pas partie du projet présidentiel, ce qui ajoute une nouvelle piste d'analyse sur les contours du projet de révision constitutionnelle qui semble s'arrimer vers sa concrétisation cet été. C'est en tout cas le vœu du FLN, « il appartient au Président de décider quand cette révision aura lieu. Au FLN, nous le souhaitons pour cet été », indique Belkhadem. Le même responsable politique précise que le prolongement ou non de la session parlementaire n'est pas forcément lié au projet de révision, puisque les prérogatives du chef de l'Etat lui permettent de convoquer une session extraordinaire à tout moment pour mettre en route la révision de la Constitution. L'imminence de cette révision n'est plus un secret, le FLN s'y prépare déjà. Le secrétaire général du parti a annoncé que des préparatifs sont en cours pour la tenue de la réunion du conseil national ainsi que celle du congrès extraordinaire devant porter la candidature de Bouteflika pour un troisième mandat. Après s'être réfugié aux Lieux Saints, Belkhadem revient dans l'arène du FLN par la porte de la célébration des festivités du 5 Juillet. Interrogé sur l'impact de son départ de la tête du gouvernement sur le parti et sur son affaiblissement au sein de cette formation politique, Belkhadem indique que le parti n'est pas affaibli et que lui-même n'est qu'un militant parmi d'autres.