Malgré la pluie, le public a su braver la nature pour imposer son amour de la lecture... Jeudi, 14 heures de l'après-midi. Une pluie torrentielle et une déferlante marée humaine par saccades intermittentes...voilà planté le décor de la douzième édition du Salon international du livre dans sa première journée de baptême. Ça court dans tous les sens, mais il est déjà trop tard. L'on est déjà trempé jusqu'au cou. Un peu de lecture s'impose pour réchauffer nos mirettes. Pas de bousculade à l'intérieur, le public est certes, présent mais l'ambiance est plutôt mitigée. C'est la grisaille générale. Le grand Jacques Vergès, du haut de ses 82 ans se balade sans crainte dans les dédales du Salon, se fraie un chemin au milieu des barbus et continue sa route. On ose l'interpeller. Sans succès, il ne nous a pas entendus. Une image presque surréaliste...Il déambule à tout va dans le labyrinte livresque de l'Algérie indépendante. On arrive à se demander si les badauds l'ont reconnu. Cependant, arrivée l'heure de sa conférence au café littéraire Ali Maâchi, Sid Ali Sakhri s'excuse et annule la conférence. Maître Jacques Vergès est fatigué, nous assure-ton. On annoncera donc sa conférence pour le lendemain matin à 11 heures. On ne peut rien refuser à celui qui, jadis, a défendu bec et ongles nos moudjahidine. On aperçoit un autre homme de plume qui, lui aussi, revient de loin, Mohamed Benchicou qui vient de pondre un nouveau livre, nous dit-on. Le café littéraire, un lieu désormais à part, est certes spacieux mais très peu enclin au débat de proximité, lugubre et très peu avenant...Un simple tour et un constat: effectivement toutes les tendances et les couleurs on, été mélangées cette année. Les éditions arabes jouxtent les Gallimard et autres Folio, les maisons libanaises, invitées du Salon, sont en force. Les arabophones se mélangent aux francophones et aux livres religieux aussi. Une sorte de patchwork indescriptible. Autre fait relevé: un quart des stands reste encore vide, alors qu'on nous avait certifié le contraire avant l'ouverture du Salon. Ces espaces vides se sont transformés -comble du misérabilisme- en mosquée de fortune. On avait cru que ce lieu allait être exclusivement réservé au culte...du livre et pas à autre chose. De l'avis général, des lecteurs rencontrés en passant par nos collègues interrogés, les prix affichés sont inabordables. S'il demeure que le coût des livres pour enfants reste encore raisonnable avec parfois des remises de 25%, les nouvelles parutions dépassent souvent les 700DA. Casbah éditions qui se spécialise dans le livre d'histoire, affirme par le truchement de son représentant Sebaoun Saïd, constater beaucoup d'affluence du public que ce soit au niveau du Salon ou dans son stand. Deux nouveaux livres fraîchement édités par Casbah, nous sont signalés Du PPA au FLN. Mémoire d'un combattant de Boudaoud (582DA) et Le géant aux yeux bleus. Novembre, où en est ta victoire? (sous-titré) à 720DA, de Medjaoui Abdel'alim. Chez Barzakh éditions, beaucoup de nouveautés à paraître prochainement. Outre les accoutumés Mustapha Benfodil, Habib Ayyoub entre autres, vous retrouverez d'ici mardi Humanisme et islam de Mohamed Arkoun au prix de 600DA, La Kahina de Gisèle Halimi notamment et les traductions vers la langue arabe de L'écrivain Yasmina Khadra (400DA)et La nuit des origines de Nouredine Saâdi (400DA). Côté vente-dédicace on retiendra pour jeudi prochain, à 15h, Chawki Amari pour son roman Le Faiseur de trous, Habib Ayyoub pour le récit Le Désert, et après et Mustapha Benfodil pour son roman Archéologie du chaos (amoureux). «Parce que cette année nous sommes placés avec les arabophones et autre genres de livres, notre cible de lectorat a changé. L'année dernière, le problème ne se posait pas. Les gens qui venaient acheter chez nous connaissaient bien la qualité de nos livres et leur tarification. Mais force est de constater que cette année, si on veut vendre, il faudrait revoir nos tarifs à la baisse», nous a confié Selma Hellal, la gérante de cette nouvelle maison d'édition mais néanmoins très active dans le champ éditorial algérien. Du côté de Chihab, plusieurs parutions ont vu (re) le jour. On notera Grenade de Yamilé Ghebalou-Haraoui (nouvelles de 104 pages). Imaqar de Rachid Mokhtari (roman) de 207 pages, Les révoltés feutrés de Slimane Aït Sidhoum (roman de 160 pages),Minuit passé de douze heures. Ecrits journalistiques 1947-1989 de Kateb Yacine (textes et chroniques de 358 pages). Au stand Sédia, pas de bousculade comme ce fut le cas l'année dernière, au moment de la vente-dédicace de l'écrivain Yasmina Khadra. Ses livres en français ne dépassent pas 650DA et ceux traduits vers l'arabe oscillent entre 800 et 1200DA, nous informe-t-on. Tout doucement et on l'espère sûrement, l'atmosphère du Salon s'installe. Elle prendra certainement aujourd'hui sa vitesse de croisière...