Les petites et moyennes bourses devront attendre encore. Lancé pour la première fois en 1998 par le CPA, le crédit immobilier avait, à l'époque, suscité un certain intérêt. Très vite, la grande masse des Algériens a compris qu'il ne lui était pas destiné. Les petites et moyennes bourses devront attendre encore. Pourtant d'autres banques, la BDL, la Cnep et bientôt la BNA, sont venues, elles aussi, proposer leur crédit immobilier. A de très petites différences de forme, les conditions d'accès à ce crédit sont identiques d'une banque à l'autre. Le principe cardinal est « la capacité de remboursement » du candidat. En d'autres termes, plus le revenu est gros, plus le prêt est important et plus on se rapproche des prix exorbitants des logements. A titre d'illustration et en quatre années, le CPA n'a pu «placer» que 9.000 prêts de ce type alors que le déficit en matière de logements dans notre pays s'élève à un million d'unités. Un «score» peu reluisant dû, en grande partie, à l'arrivée tardive de la concurrence. Un relatif «el dorado» qui a pris fin depuis que trois autres banques proposent le même produit.Toutes devront se partager un marché en «mouchoir de poche». A l'identique partout, le crédit immobilier ne se caractérise d'une banque à l'autre que par quelques points de pure forme. Ici (au CPA) il est octroyé pour 15 ans. Là (à la Cnep) cette durée est doublée à 30 années. Alors qu'il est clair que les remboursements doivent être achevés avant l'âge de la retraite (65 ans), la Cnep «pousse» à 70 ans cette condition. Mais le plus déterminant pour avoir une idée sur le montant du prêt qui sera accordé est la capacité de remboursement du candidat. Celle-ci est plafonnée à 30, voire à 40% du revenu mensuel. Faites le compte sur la base de votre salaire. A cela il faut ajouter le taux d'intérêt autour des 8%, la prime d'assurance-vie annuelle, d'une caution préalable et «autres garanties (dixit la BDL) pour se prémunir contre les risques de non-recouvrement». Le slogan aguichant «Acheter votre logement avec un apport personnel de seulement 20% du prix total» est loin de refléter la réalité. Cette affirmation n'est valable que pour les très hauts salaires. Déduction: plus le revenu est élevé plus le prêt est conséquent. Un fait mérite d'être relevé: tout crédit immobilier est sujet à hypothèque. En clair, le logement reste propriété de la banque jusqu'à extinction de la dette. Cette valeur sûre en possession de la banque qui devrait suffire à «couvrir» tous les risques n'est prise finalement qu'en garantie supplémentaire à toutes les autres amplement suffisantes. Cela découle du fait que les banques prêtent de l'argent qu'elles-mêmes empruntent. D'ailleurs le taux d'intérêt appliqué découle lui aussi de cette démarche. Les banques n'engagent pas leur argent propre. Cette forme de crédit n'a pour objectif que de drainer l'épargne en assurant de nouveaux services à forte plus-value à la banque. Comme le CPA qui annonce «des avantages accordés aux épargnants» ainsi qu'a ceux «qui bloquent une somme donnée pendant quatre années et dont le montant des intérêts calculés par anticipation est l'équivalent de 3,5% du montant du crédit sollicité». Sans oublier «la commission de gestion» du dossier et les «frais d'expertise». Moralité, le crédit immobilier tel qu'il est proposé par les quatre banques n'a aucune chance d'être un produit de masse. L'indice des salaires et les prix pratiqués actuellement dans l'immobilier en sont les principales causes. En outre, la conjoncture actuelle dominée par la formule location-vente sur fonds du Trésor public ave aux zéro d'intérêt n'est pas pour arranger les affaires de nos banquiers. Tant mieux ou tant pis, c'est selon!