«Le stock actuel de lait en poudre sera consommé vers la fin du mois de décembre (...)» Apparemment, la polémique émaillant la production et la transformation du lait, ne s'estompera pas de sitôt. Ceux qui croyaient que la controverse entourant ce secteur, sera enterrée avec la mise en place d'un Office national, risquent sans coup férir d'être déçus. En effet, lors d'une assemblée générale organisée hier au siège de la Cipa (Confédération des industriels et producteurs algériens) -qui a réuni les producteurs de lait, les représentants de l'Unpa (Union nationale des paysans algériens), et le directeur de l'Onil (Office national interprofessionnel du lait)-, les producteurs de lait étaient étonnés d'apprendre que l'Onil a déjà importé des quantités considérables de poudre de lait. «Pourtant personne ne nous a instruits qu'au mois de novembre, la distribution de la poudre relèverait du ressort de l'Onil», indique avec étonnement le président de la Cipa, M.Abdelaziz M'henni. Sans faire de déclaration, le directeur de l'Office, M.Benyoucef, s'est contenté de demander à la Fédération des producteurs de lait, de lui transmettre la liste des membres et le détail de leurs besoins en la matière. Jusque-là les choses peuvent paraître ordinaires, mais le hic c'est que lorsque le président de la Cipa, réagissant vivement, a rétorqué que la liste est déjà prête, et que les producteurs attendent qu'on leur fixe la date précise de la distribution de la marchandise, le représentant de l'Onil s'est trouvé dans un embarras indescriptible. «L'essentiel, transmettez-moi la liste et on verra...», répond M.Benyoucef. Créé au mois d'août dernier pour réguler le marché laitier et approvisionner les entreprises laitières en matières premières, l'Onil est, selon toute vraisemblance, victime soit d'une gestion opaque, soit d'un manque de communication criant. Le président de la Fédération nationale de l'industrie agroalimentaire, filière lait de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa), M.Ziani, réagissant aux déclarations du directeur de l'Onil a estimé que cet organisme devra impérativement renseigner les producteurs sur la date de distribution de la poudre de lait. «Sans quoi, nous ne pourrons ni faire nos estimations, encore moins honorer nos engagements vis-à-vis de notre clientèle», estime M.Ziani. Précisant son propos, ce dernier a indiqué que «le stock existant de lait en poudre sera consommé vers la fin du mois de décembre, alors que les subventions ont été arrêtées pour la fin du mois d'octobre dernier». A en croire le président de la Cipa, les producteurs et industriels de lait n'ont pas encore perçu les subventions couvrant les mois de septembre et octobre derniers, tel que cela a été promis par le ministère du Commerce. Il faut savoir que, pour venir à bout de la crise du lait en sachet qui secoue le pays, le département de Djaâboub a décidé d'accorder une subvention de 15DA par litre de lait aux producteurs. Ces derniers estiment, toutefois, qu'avec le temps ces subventions s'avèrent insuffisantes. D'autant plus que les prix de la poudre de lait sur les marchés internationaux ne cessent d'augmenter. Les importations de l'Algérie en matière de poudre de lait sont ainsi passées de 550 millions de dollars à 750 millions de dollars, pour se stabiliser actuellement à 1 milliard de dollars. Ces dépenses ne manquent pas d'avoir des répercussions négatives sur l'économie nationale qui reste tributaire des fluctuations des prix sur les marchés internationaux. Pourtant, l'Algérie dispose bel et bien de tous les moyens nécessaires à même de se démarquer des marchés boursiers, et atteindre ainsi l'autosuffisance en matière de lait et ses dérivés. En ce sens, l'Union nationale des paysans algériens veut s'allier avec la filière lait de la Cipa, dans le but d'alimenter le marché local en produits laitiers. Le président de la Fédération nationale de l'industrie agroalimentaire, filière lait, de la Cipa, Karim Ziani, a indiqué, dans ce contexte, avoir mis en place une stratégie adéquate. Il a, à cet effet, élaboré une cartographie regroupant une centaine de fermes dispersées sur le territoire national. M.Ziani estime que sa fédération, regroupant quelque 97 membres, est prête à coopérer avec l'Unpa. Le président de cette dernière association, M.Alioui a, de son côté, affirmé que ce partenariat ne pourrait aboutir que sur la base d'un cahier des charges. Ainsi, «aux paysans d'élever des vaches, et de collecter le lait, et aux producteurs et industriels des produits laitiers d'en acheter», estime le président de l'Unpa, qui n'omet pas de souligner que cette opération créera pas moins de 1 million d'emplois. C'est cela la solution tant attendue.