L'option militaire contre le PKK se précise et s'avère inévitable pour les Turcs. George W.Bush réussira-t-il à convaincre le Premier ministre turc à surseoir à son idée d'envahir l'Irak? C'est, sans doute, la dernière cartouche de paix. Autrement, la guerre anti-PKK deviendrait inévitable. A entendre l'ambassadeur de la République de Turquie à Alger, la motion de guerre a été votée et acceptée par une forte majorité au Parlement turc. Le texte stipule que la Turquie envoie une force armée au-delà des frontière pour un laps de temps d'une année. Cette opération peut être menée avec des délais que la Turquie compte accorder au gouvernement irakien, mais des délais bien limités. Car, «nous sommes déjà au bout de notre patience», a fait savoir Ercumend Ahmet Enç, s'exprimant lors d'un point de presse tenu, hier, à Alger. Avant d'ajouter que «nous doutons que le gouvernement irakien puisse agir. Il est incapable de mettre à exécution une quelconque décision dans la région». Il semble ainsi que l'option militaire contre le PKK se précise de plus en plus et s'avère inévitable pour les Turcs qui tablent sur le principe d'Atatürk: «Un pied dans la paix, un pied dans le développement». Catégorique et ferme surtout, le diplomate turc estime sur sa lancée que si le gouvernement irakien s'avère être incapable d'assumer ses engagements internationaux et si le PKK continue à sévir dans la région, l'intervention militaire «devient inévitable» pour mettre fin à la présence du PKK dans le nord de l'Irak. C'est une urgence, pour l'ambassadeur turc. Selon lui, plus de 30.000 personnes ont été déjà tuées par les «terroristes» du PKK, dont 4644 civils, 26 journalistes, 6 médecins et 117 enseignants. Rien que pour l'année 2007, 24 civils et 124 agents de sécurité turcs ont été tués à la suite des attaques terroristes du PKK. «C'est une organisation transnationale qui opère dans plusieurs pays de l'Europe et dont 40% des effectifs sont issus de la Syrie, de l'Irak et de l'Iran», explique l'ambassadeur turc. Le PKK, ajoute l'orateur, est financé à hauteur de 5 millions d'euros par an. «Ses financements sont assurés par deux partis kurdes irakiens. Nous avons leur matériel comme preuve. Certains des chefs terroristes du PKK ont même échappé à la justice française et se réfugient actuellement au nord de l'Irak», tempête encore Ercumend Ahmet Enç. L'onde de choc des propos du diplomate a atteint plusieurs pays. Interrogé sur une possible manipulation du PKK par des pays opposés à l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, Son Excellence l'ambassadeur n'écarte aucune piste, «mais on ne sait pas pour quelle cause. Il est vrai tout de même que la Turquie dérange certaines parties». Il n'hésite pas à aller encore plus loin en disant que «les Américains ont une grosse responsabilité dans ce qui se passe dans la région, car les attentats ont repris particulièrement depuis 2003». Au stade où sont les choses, les USA ne peuvent que proposer une lutte commune contre les terroristes du PKK, fera comprendre également l'ambassadeur. «Nous avons remis un dossier au gouvernement irakien et aux USA sur le danger du PKK et l'urgence de son élimination. Nous avons même signé des accords bilatéraux qui concernent, entre autres, l'extradition des terroristes du PKK, mais toutes les promesses faites par le gouvernement irakien n'ont pas été tenues», explique encore le diplomate turc. C'est dire que «nous avons accordé suffisamment de temps aux Irakiens, mais nous n'avons pas perçu une bonne volonté». Cela pour justifier une tendance qui penche plutôt pour la solution armée. La dernière tentative pour sauver la paix étant la rencontre entre Recep Tayyip Erdogan et George W.Bush. Toutefois, «il est vrai que les Américains sont nos alliés, mais toute alliance a des limites, car il y va de la sécurité de notre pays». En attendant les résultats du tête-à-tête Erdogan-Bush, la Turquie semble mettre déjà un pied en Irak.