Les députés ont axé dans leur débat sur l'urgence de prendre en charge les revendications sociales du corps enseignant. Comment protéger l'Ecole algérienne des manipulations politico-religieuses. C'est la principale problématique à laquelle tente de faire face le projet de loi d'orientation pour l'éducation nationale, présenté, hier, à l'APN par M.Boubekeur Benbouzid, le ministre de l'Education nationale. «Nous luttons pour une école apolitique», a-t-il lancé. Un slogan traditionnel que le secteur a lancé depuis plus d'une décennie, sans qu'il soit réellement mis en oeuvre, faute d'outils juridiques. Cette question a été prise en charge dans le projet en question et précisément dans l'article 16 qui stipule que «l'école ne doit en aucun cas dévier de sa mission principale qui est l'éducation et le transfert du savoir et des sciences». Sans équivoque et loin des ambiguïtés qui ont marqué les textes légiférés jusqu'ici et qui ont donné lieu à plusieurs interprétations, la loi précise dans le même article que «toute manipulation d'ordre politique, idéologique sera punie». Ses instigateurs seront soumis à des sanctions administratives, sans écarter «le recours à des poursuites judiciaires». Le ministre de l'Education nationale classe cette nouvelle mesure dans le cadre des réformes de l'éducation nationale engagées depuis 1999. La politique ce n'est pas seulement ce qui inquiète Benbouzid. Le taux de scolarisation et la déperdition scolaire viennent en tête des priorités de son département. Dans ce chapitre, l'article 12 prévoit des amendes allant jusqu'à 50.000DA contre les parents qui refusent de scolariser leurs enfants ou ceux qui les obligent à quitter l'école avant l'âge de 16 ans. Hier, le ministre a affirmé que 97% des enfants qui ont atteint l'âge de 6 ans sont scolarisés. «C'est la moyenne enregistrée en Italie», défend Benbouzid. Mais l'on ne saura pas quel est le nombre des élèves qui achèvent leur cursus scolaire. Par ailleurs, et en vertu de cette loi, la conception et l'élaboration des livres scolaires sont ouvertes aux privés, mais leur distribution reste tributaire de l'aval préalable du ministère de l'Education nationale. En effet, un intérêt particulier a été accordé au livre scolaire, qui fera, en vertu de ce projet, l'objet d'une évaluation systématique par la commission nationale des programmes qui sera installée incessamment. Le ministère de l'Education nationale sera responsable directement du contenu des programmes scolaires. Plusieurs institutions seront mises en place dans, dit-on, «l'objectif d'accompagner les réformes». L'on citera, entre autres, l'Observatoire de l'éducation et de la formation. D'autres dispositifs sont prévus par la loi en relation avec la lutte contre la violence à l'égard des élèves, l'enseignement de tamazight et des langues étrangères, la formation des encadreurs, notamment des enseignants, une activité qui sera ouverte exclusivement aux licenciés. Les députés ont mis en exergue dans leur débat l'urgence de prendre en charge les revendications sociales du corps enseignant «les piliers de la réforme», selon M.Badi Tayeb du FLN, notamment celle ayant trait à la réévaluation des salaires et au logement de fonction. Raghis Noureddine de Ahd 54 a, quant à lui, souligné que «le ministère de l'Education doit absolument tracer avec clarté ce qu'il attend des réformes». Le MSP souligne l'opportunité qu'il y a d'insister sur les principes et les valeurs islamiques dans les programmes scolaires. Par ailleurs, interrogé en marge de la plénière sur les déclarations faites par MM.Mohamed Chérif Amirouche et Ahmed Abdelkrim, les deux inspecteurs chargés d'élaborer le livre d'éducation civique de la cinquième année primaire et dans lesquelles ils précisent que ce manuel fut supervisé par le département de Benbouzid à trois reprises avant son homologation, le ministre de l'Education a refusé de répondre, attestant que le «dossier est clos».