C'est déçu par les méthodes au sein de l'instance exécutive du parti, que M. Bounekraf se retire du FLN. Homme d'idéal, ce militant portait en lui l'espoir, le renouveau et la modernisation de la composante de Belkhadem. Et c'est apparemment, oppressé par une marginalisation étouffante, qu'il dit aujourd'hui vouloir jeter l'éponge. Il a annoncé son départ sur les colonnes de notre confrère, Le Soir d'Algérie, à qui il a accordé un entretien paru dans l'édition du jeudi. A travers les colonnes de ce journal, il fait part de son dépit face à la cacophonie qui paralyse, selon lui, le parti au pouvoir. Il avoue avoir échoué dans sa mission de faire renaître le FLN de ses cendres. Et affuble l'organisation partisane d'incapacité, au bout de plusieurs années, à installer ses propres instances locales. Le démissionnaire se dit, par ailleurs, scandalisé par les pratiques politiques, pourtant dénoncées fermement par le secrétaire général lui-même. Ce qui s'inscrit, selon lui, en porte-à-faux avec la volonté de moraliser les moeurs publiques et politiques. Aussi, celui qui ose claquer la porte de l'appareil FLN argue-t-il: «La mauvaise monnaie chassant la bonne, on assiste de plus en plus à la désaffection des meilleurs éléments en proie au découragement, au profit d'une nouvelle faune d'activistes, plus ou moins encouragée, d'une manière directe en indirecte, et qui squatte littéralement l'appareil du parti.» A l'en croire, le parti FLN serait mal parti dans la course aux locales. Ce qui n'est pas de l'avis d'autres militants fermement engagés à gagner ce rendez-vous électoral. Le secrétaire général de l'instance exécutive, Abdelaziz Belkhadem, l'a rappelé avant-hier lors de son passage à la Radio Chaîne I: «Le FLN restera la première force politique du pays», insistant qu'il n'y a pas de crise au parti en dépit des derniers remous. M. Bounekraf qui monte au créneau met en avant qu'aucun parti ne peut, à la fois, faire la police à l'intérieur de ses rangs et renforcer ses positions dans la compétition qui l'oppose à ses adversaires. Invité à s'exprimer sur le rôle des ministres issus de la chapelle FLN dans «l'exacerbation» de la crise, l'homme en colère estime que ces derniers, du fait de leur position au sein du gouvernement, pourraient exercer un certain lobbying et influer sur «le cours des choses». Enfin M. Bounekraf croit faire preuve de «sagesse» en quittant le navire FLN, une embarcation qu'il aurait dû, poursuit-il, abandonner depuis longtemps. Aujourd'hui «la coupe est pleine!», conclut-il. S. B.