C'est parti, le coup de starter de la campagne de persuasion des électeurs est donné. Le leader d'En Nahda, Fathi Rebaï, a élu la ville d'Oran pour inaugurer son périple électoral. Ainsi, il a animé jeudi un rassemblement populaire dans lequel il a été très critique vis-à-vis des derniers développements qu'a connus la scène politique nationale. Ce qui semble gêner le leader islamiste est cette terrible réalité de l'abstention qui se dessine à l'horizon. Fathi Rebaï semblait à la fois réjoui et inquiet par les résultats des dernières législatives. «Résultats imputables à l'administration qui a dépassé ses prérogatives.» Il estime que le faible taux de participation est un enseignement à tirer. «Les législatives ont été un message du peuple et le boycott a été large», a-t-il rappelé. La situation est grave. Les électeurs semblent plus que déterminés à rééditer le coup lors de ces locales. C'est pourquoi la formation islamiste juge que la situation nécessite des mesures urgentes. Ainsi, il préconise une série de recommandations politiques, dont la tenue d'un dialogue politique national. Le leader d'En Nahda estime que seul le dialogue politique peut ramener les électeurs à de meilleurs sentiments vis-à-vis des élections. Ce dialogue pourrait se tenir au-delà même des élections locales, qui se focalisera autour d'une réflexion portant sur la reconstruction d'un réel multipartisme. A décortiquer le discours de Fathi Rebaï, le message est clair. Il tend à réhabiliter le champ politique. La suppression de la Commission nationale indépendante politique de surveillance des élections constitue l'une des appréhensions du chef d'En Nahda quant à d'éventuelles fraudes. Les partis en lice se sont désormais retrouvés face à face dans l'arène. Tous les partis, y compris En Nahda, n'ont pas dissimulé leurs inquiétudes. «La Commission de surveillance est un intermédiaire entre les partis politiques et l'administration, cette dernière s'est penchée sur moult vérités et réalités à l'issue des dernières législatives et une vive polémique a opposé le ministère de l'Intérieur et cette commission», a rétorqué Fathi Rebaï. Ajoutant «on a eu gain de cause de cette dernière et on a mis fin à ses missions». Le leader d'En Nahda semble déterminé à aller au-delà de sa logique et a réfuté les sanctions qui ont été prononcées et annoncées dans l'affaire de l'hymne national. A ce sujet, Fathi Rebaï a été très critique et estime que les deux inspecteurs de la commission de lecture sanctionnés ont été présentés comme des «boucs émissaires». Selon Fathi Rebaï, les sanctions annoncées ne reflètent aucunement «le degré du crime commis». «L'affaire n'est pas aussi si simple et les lignes rouges sont dépassées», a-t-il jugé. C'est pourquoi il appelle à l'installation d'une commission d'enquête indépendante composée des partis politiques: «Nous appelons à une commission d'enquête indépendante regroupant tous les partis politiques pour situer avec exactitude les responsabilités de chacun et prononcer des mesures fermes contre les véritables fautifs.» Le leader de la formation islamiste hausse le ton dans son discours. Il s'attaquera aux réformes du système éducatif: «Les réformes ont besoin d'être réformées», a préconisé Fathi Rebaï et annonce sa sentence: «On n'a pas besoin d'importer des systèmes éducatifs, ni de l'Orient ni de l'Occident» en ce sens que «seule la famille éducative peut réformer le système éducatif». En somme, et pour sa première sortie électorale à partir d'Oran, la formation d'En Nahda, qui a drainé une foule sensible jeudi, aspire à rafler le maximum de sièges et s'attaquer aux entraves bureaucratiques.