De notre correspondant à Constantine A. Lemili Ennahda historique, c'est sans doute le mot-clé de toutes les tractations politiques qui se font entre les cadres déchus du MRN version Djaballah et ceux de Fatah Rebaï. Dans la transparence pour la consommation publique et underground dès qu'il s'agit de considérations plus terre-à-terre comme la question de répartition d'attributions, responsabilités et autres missions qui pourraient être dévolues aux cadres des deux factions et, évidemment, celle (question) de leadership. Jeudi dernier, à Constantine, Fateh Rebaï a fait le déplacement pour mesurer le pouls de ses troupes. La rencontre régionale réunissant les représentants de 15 wilayas se voulait comme un contact effectif avec les militants de base appelés à contribuer à la restructuration du parti. En réactualisant Ennahda historique, ceux qui tentent de donner un semblant de vie à la spectrale formation politique cherchent, bien entendu, à laver plus blanc que blanc dès lors que le parti sur lequel phosphorent aussi bien les hommes de Djaballah que ceux de son actuel SG est appelé à s'inscrire dans une ligne politique dure à même de redonner «une vie à la scène politique» comme le stigmatisera, sans adresse, le premier secrétaire d'Ennahda, à l'assistance pour souligner encore «qu'avec l'allégeance de certains partis au pouvoir l'opposition a définitivement vécu… alors que d'autres lui donnaient blanc-seing en entrant dans la compétition [élection présidentielle]» …l'allusion au MSP coulant de source dans la mesure où le MRN de Djahid Younsi ne sera pas autrement épargné, notamment par l'évocation de son cuisant échec aux dernières consultations populaires. Sauf que remettre en orbite Ennahda, une formation qui ne s'est plus jamais relevée depuis la première scission ayant visé à écarter A. Djaballah, n'est pas chose aisée sans la présence d'un leader et qui plus est, un leader charismatique. Là, l'histoire étant un éternel recommencement, l'expérience MRN version Djaballah et MRN version Younsi constituent, on ne peut mieux, la parfaite allégorie du produit parfaitement abouti et celui frelaté. Alors Fatah Rabaï avait beau, au cours de sa conférence de presse, vouloir contourner notre question sur la similitude de deux événements en l'espace d'un mois, c'est dire leur concomitance, et qui ont consisté en la tenue d'une réunion «très discrète» de A. Djaballah avec les cadres régionaux du MRN renforcée par la présence, «à titre d'observateurs», nous avait-on assuré à l'occasion, d'anciens d'Ennahda… historique et la rencontre de… jeudi dernier qui semble obéir au même but, il est plus que vraisemblable que des passerelles ont bel et bien été jetées entre les deux tendances.Comme pour brouiller les pistes en attendant la matérialisation du rapprochement, le SG d'En-Nahda s'essayera à un «il n'y a pas d'idée d'un retour de Djaballah au parti comme il ne peut être en réalité évoqué un appel du pied fait à Djaballah». Toutefois, ce salto arrière vrillé est superbement amorti par un exercice de langue de bois incomparable qui a consisté à formuler autrement des contacts réguliers entre les deux parties par «il s'agit en fait d'une reprise naturelle des relations de cadres d'Ennahda historique». La prochaine université d'été devrait tracer les contours définitif d'une possible alliance avec le charismatique A. Djaballah sans lequel il paraît peu probable pour l'actuelle direction d'Ennahda de parvenir à ce que le conseil consultatif a tracé comme éléments stratégiques afin de redonner un nouvel ancrage populaire au parti et dont la plus importante est sa restructuration, pour ne pas dire sa refondation, une stratégie tous azimuts, axée notamment sur la communication, la formation et le recyclage, autant des cadres que des militants de base et leur imprégnation de l'évolution des évènements nationaux et internationaux.Or, est-il besoin de souligner qu'Abdallah Djaballah est l'un des rares hommes politiques d'obédience théologique à avoir compris, après ses premiers errements, qu'un parti religieux ne peut aller loin si son action ne s'inscrit pas également dans la modernité.Enfin, pour le SG d'Ennahda, la reconquête d'un électorat ne passerait, compte tenu de l'absence de son parti dans la majorité des assemblées élues (locales ou nationales), que par «…l'exercice de la critique constructive ou l'opposition pure et dure», ajoutant néanmoins : «Sans pour autant faire de l'opposition pour le seul plaisir de s'opposer».