Un équipage qui guette l'actualité ou va au-devant d'elle... Etes-vous déjà montés à bord de L'Expression? Les journalistes y sont un équipage: dans ce bateau se côtoient les vieux loups de mer et les jeunes mousses. Ils m'ont accueillie parmi eux pour une traversée d'un mois, avant que je ne reparte sur mon rivage français. Un mois d'apprentissage des règles à bord, un mois de joyeuses humeurs et de vraies découvertes. Dans le long couloir du navire, j'ai senti, d'emblée, le frémissement d'un travail qui ne ressemble à aucun autre: les hommes à l'oeuvre s'affairent, s'effacent pour reparaître plus tard, vont et viennent, le coeur à l'ouvrage. Mais ils ne ressemblent pas à ces marins bourrus qu'on croise dans les ports; ils savent donner d'eux-mêmes, avec largesse. Les plus aguerris ont encore foi dans leur mission, et savent la transmettre à qui veut bien apprendre. Le capitaine, qui a longtemps navigué sur des eaux troubles, est lui-même ce que l'on nomme un passionné. Je garde de chaque membre de cet équipage, qui guette l'actualité, ou va au-devant d'elle, la mémoire d'hommes et de femmes sensés - ce qui est gage de qualité, plus encore d'intégrité, pour le journal. Et je suis fière d'avoir passé dans le sillage de L'Expression. Il me semble que ce bateau, au milieu de la flotte algérienne, porte bien son nom: car ce journal s'exprime sur la vie politique algérienne, il s'exprime avec une témérité, une vigueur, un ton, propres à la presse algérienne. Il a su faire de la politique sa plus grande voile, ce qui lui donne une identité solide, et lui suggère justement une expression singulière, volontiers polémique, souvent entière. Que la traversée soit périlleuse ou tranquille, puisse ce navire, qui m'a fait connaître et aimer l'Algérie d'aujourd'hui, aller sans trêve de l'avant. Que puis-je encore souhaiter à ce journal et à ses hommes? Qu'il cherche l'aventure plus que la gloire. Qu'il ait pour boussole l'audace, et pour seul cap, la vérité. Bon vent, donc, et longue vie à bord!