Beaucoup de décès pourraient être évités dans les maternités et les services de néonatologie si un suivi de la mise en œuvre du programme national de périnatalité et de néonatalité était assuré par l'ensemble des services concernés, telle est la conclusion du professeur Lebane, représentant du ministère de la Santé qui a animé hier une conférence-débat entrant dans le cadre du forum d'El Moudjahid sur sa vulgarisation et sa promotion. Si des progrès ont été réalisés dans la réduction de la mortalité infantile en Algérie — de 39 pour 1 000 naissances en 1999, on est passé à 26 pour 1 000 naissances en 2006 et 24 pour 1 000 en 2007 —, elle reste importante. La moyenne est de 9 pour 1 000 naissances dans les pays développés. Ces chiffres sont à comparer avec le nombre de naissances (500 000 par an). Ce qui fait dire au professeur Lebane que le nombre de décès de nouveau-nés est beaucoup plus important que celui des accidents de la route (4 000 par an) en Algérie. Avec les moyens dont dispose le pays, la mortalité infantile peut baisser de manière significative dans le pays, pour peu que les pouvoirs publics s'impliquent davantage dans la prise en charge de ce problème de santé publique, tel est le message. “On a les moyens, la capacité, on peut faire beaucoup de choses. Le problème de la mortalité néonatale est insupportable”, a-t-il martelé. Le professeur Lebane préside, notons-le, la commission nationale chargée de mettre en œuvre ce programme. Il convient de signaler que la mortalité néonatale (de 0 à 6 jours) représente 80% de la mortalité infantile. À travers l'évolution de la mortalité infantile, on peut apprécier si les objectifs du millénaire sont atteints. Ils'agit de réduire de deux tiers le niveau de cette mortalité entre 90 et 2015, c'est-à-dire parvenir à 13 décès pour 1 000 naissances. C'est à cette fin qu'un programme de périnatalité, décidé par le chef de l'Etat en 2004, a été mis en œuvre. Un plan triennal 2006-2009 est appliqué en ce sens, doté d'une enveloppe de 2,7 milliards de dinars pour atteindre cet objectif. À cette dernière échéance, les résultats seront évalués en vue de mesurer ce qui reste à faire pour réaliser un tel objectif. Il s'agit, entre autres, de mettre aux normes les services de néonatologie. À l'appui de son argumentaire, l'orateur a cité un phénomène : l'âge moyen du mariage est de 33,5 ans pour le père et 29 ans pour la mère. L'avenir obstétrical des femmes se rétrécit donc. Les couples veulent peu d'enfants et plus rapidement. La grossesse devient ainsi de plus en plus précieuse en Algérie. Par ailleurs, le professeur a mis en relief des contraintes qui freinent les efforts en vue de réduire la mortalité néonatale : l'absence de services néonatologie dans nombre de structures de santé à l'intérieur du pays, le manque de pédiatres dans les services de néonatologie, la formation insuffisante des pédiatres, l'insuffisante coordination entre les services de maternité et les services de néonatologie dans les hôpitaux, la méthode Kangourou (elle est efficace dans la prise en charge des prématurés de faible poids) peu systématisée en Algérie en dépit d'une instruction ministérielle. N. Ryad