L'enquête a touché 11.156 personnes et 10 wilayas dont Alger, Béjaïa, Tizi Ouzou, M'sila, Boumerdès, El Oued, Chlef, Bouira et Ouargla. La consommation de la drogue en Algérie prend de plus en plus d'ampleur. Une nouvelle enquête, réalisée par la Forem, démontre que les régions est et centre du pays sont touchées par ce phénomène autant que l'Ouest. Le professeur Mustapha Khiati, président de la Forem, invité, hier au forum d'El Moudjahid, a présenté dans les détails cette enquête effectuée par une vingtaine d'étudiants et qui a eu lieu entre le 10 mars et le 31 mai 2010. Elle a touché 11.156 personnes et a concerné 10 wilayas, notamment Alger, Béjaïa, Tizi Ouzou, M'sila, Boumerdès, El Oued, Chlef, Bouira et Ouargla. Pour la capitale, elle a concerné notamment trois pôles universitaires d'Alger identifiés: Bab Ezzouar, Cité d'El Alia, Cub 1 et 3, CU Dergana et Bouraoui pour l'Est, la Fac centrale pour le centre et Béni Messous, Bouzaréah, Ben Aknoun, CU garçons et filles, CU Dély Ibrahim. Trois groupes ont été identifiés: étudiants (43%), travailleurs (35%) et chômeurs (22%). Sur les 11.156 personnes interrogées, 4208 consomment de la drogue, soit un taux de 37,71%. «C'est le même que celui de 2007 pour la région de l'Ouest», commente le Pr Khiati. Les chômeurs représentent un taux de 55,58% alors que 33,77% d'étudiants prennent de la drogue dont 73,50%, dans le pôle universitaire de l'est d'Alger. Le cannabis et dérivés, est le type de drogue le plus consommé (70%) alors que 22% des étudiants prennent des antidépresseurs et équivalents. Ces derniers sont plus connus chez 47% des filles contre 35% chez les hommes. Selon les résultats de cette étude, 67% des personnes interrogées, pensent que la drogue est mauvaise pour la santé alors que 15% pensent qu'elle est bonne. 15% des étudiants pensent que la fuite en avant est importante puisqu'ils considèrent que la drogue règle leurs problèmes. S'agissant de la fréquence de consommation, l'enquête révèle que 23,20% personnes de la population générale le font de façon permanente, c'est-à-dire des consommateurs chroniques. Le taux le plus élevé est relevé chez le groupe des chômeurs avec un taux de 60%. Aussi, la majorité des personnes interrogées préfèrent consommer la drogue en groupe. Pour ce qui est des ressources financières, l'enquête fait ressortir que, globalement, l'argent provient des parents (42%). Aussi, 75% des ressources des étudiants proviennent des parents alors que 8,6% concernent des vols pour les chômeurs. La responsabilité des parents est aujourd'hui établie, note l'étude. Sur le chapitre du profil du consommateur de stupéfiants, l'enquête souligne que l'abus de drogue n'est pas limité à une classe donnée. Toutes les couches sociales sont concernées. Les petites villes sont touchées au même titre que les grandes métropoles. En conclusion, la Forem considère que la drogue constitue de plus en plus un dérivatif. Les femmes s'adonnent de plus en plus à sa consommation. Elle préconise dans ce sens d'arrêter la médicalisation de la prise en charge et d'opter pour des communautés thérapeutiques. Pour la Forem, l'information reste insuffisante. «Aujourd'hui, il y a une efficacité en ascendance des services de sécurité, seulement nous ne voyons pas cette efficacité ailleurs, notamment en matière de sensibilisation et de prévention», a indiqué le Pr Khiati. Rappelons que plus de 10 tonnes de kif traité et 1648 plants de pavot ont été saisis durant le premier trimestre 2010, à travers le sud-ouest du pays. Pour le seul mois de mai dernier, plus de 800 kg de cannabis ont été saisis et 245 personnes ont été écrouées pour trafic de stupéfiants. En 2009, 74 tonnes de drogue ont été saisies, 310 personnes recherchées et 10.000 personnes ont été emprisonnées pour distribution et vente de drogue.