Seule l'entrée en lice des ténors peut lui redonner quelques couleurs. La campagne électorale est toujours sans âme. Les partis s'enlisent dans des sorties de proximité et quelques meetings malingres. Les foules ne sont guère au rendez-vous, et c'est pratiquement dans des salles tristes et mornes que les responsables des partis en lice se produisent. Des permanences de campagne sont ouvertes en quelques lieux, mais ancrées dans le folklore traditionnel. Ces permanences ne drainent guère les foules. Il semble que les gens attendent du nouveau et que les partis n'arrivent pas à coller à ces attentes. En effet, dans ces permanences, un peu de musique, des posters, des discours de quelques cadres du parti et, circulez, il n'y a plus rien à voir! Au moment où les citoyens attendent des réponses concrètes aux multiples problèmes qui les assaillent et qu'ils espèrent voir pris en charge, avec des explications et surtout un engagement ferme des candidats, mais voilà, les partis se perdent dans des esquisses politiques plus importantes où les procès d'intention et les vagues promesses d'un mieux-vivre font office de programme. Ces candidats pensent qu'il suffit de faire le procès de l'équipe sortante ou l'inverse, quand il s'agit du parti chapeautant l'équipe ayant géré, pour que l'électeur apporte son soutien et choisisse le candidat présenté. Les gens semblent au moins fatigués de cette façon de faire et encore plus par ces piques que s'envoient régulièrement les formations entre elles. Ce qui est à signaler, c'est ce militantisme new-look remarqué au sein des partis, principalement les partis «riches». Les militants semblent ainsi être là, à l'affût d'un éventuel poste ou emploi, et à la rigueur, une aide pour un prêt bancaire et autres prébendes. Ce qui, malgré tout, fait chaud au coeur, ce sont ces militants des partis démocrates qui, eux, n'attendent rien, car leur formation n'est pas au pouvoir. Comme il faut souligner la permanence du duel FFS-RCD en Kabylie. Un duel qui est, pour le moment, cantonné dans les limites de la bienséance et la critique des programmes. Mis à part l'affichage des candidats du FFS et du RCD à Tizi Ouzou, les rues et places publiques sont veuves de «couleurs». Il est vrai que l'environnement y gagne. A propos justement d'environnement, c'est une association dénommée Association pour la protection de l'environnement qui interpelle les partis en lice en leur demandant d'accorder plus d'importance dans leurs programmes à l'environnement. L'association cite les cas du sable de l'oued Sebaou, les eaux usées des villages se déversant dans le barrage de Taksebt, la dégradation des forêts, ainsi que la clochardisation des villes et villages de Kabylie. En fait, les partis semblent attendre les visites des «ténors» pour booster une campagne morose et terne. Dans cet ordre d'idées, M.Ouyahia est attendu, en principe, ce jeudi à Tizi Ouzou et M.Belkhadem est annoncé à Draâ Ben Khedda, alors que MM.Sadi du RCD et Tabbou du FFS, ne semblent pas encore avoir arrêté de dates pour leurs meetings en Kabylie. Les partis islamistes sont, eux, aux abonnés absents. En effet, seul le MSP participe dans sept communes et pour l'APW, mais sans réellement trop s'attendre à quelque miracle, alors que le MRN est totalement absent. La population suit tout cela d'une façon distraite, car selon les citoyens, «l'important est ailleurs». Et d'expliquer: «Nous avons toujours voté, mais nous avons toujours été trahis dans nos espoirs. Finalement, c'est Moussa Hadj et Hadj Moussa!» Un vent est en train de souffler sur la région, et on souhaite juste que l'entrée en lice des leaders des partis réveille un peu cette campagne.