La coopération existe certes, mais loin des projecteurs et des terrains officiels, précisent nos sources. En d'autres termes, c'est Interpol qui joue au médiateur. Pas de fâcheries quand il s'agit d'une lutte contre le fléau terroriste. A en croire des sources très au fait du dossier sécuritaire, un partenariat algéro-marocain, avec «le concours» de l'Interpol, a permis la localisation de plusieurs cellules d'Al Qaîda au Maroc et l'élimination d'éléments redoutables en Algérie. La coopération existe certes, mais loin des projecteurs et des terrains officiels, précisent les mêmes sources. En d'autres termes, c'est Interpol qui joue au médiateur, plutôt au coordinateur, entre les services de sécurité algériens chargés de la lutte antiterroriste et la DCE, la DST et la Garde royale marocaine. Cette coopération, de plus en plus fructueuse, a commencé vers le mois d'octobre 2002. Même si les premières idées de connexion entre les groupes terroristes algériens et marocains ont germé au courant de l'année 1995. Le premier incident déclencheur de l'alerte était survenu à Béchar, en octobre 2002. Un individu, répondant aux initiales S.R., fut arrêté dans la région de Béchar et s'avèrera être, par la suite, l'éclaireur d'un groupe terroriste activant en Algérie, en connexion avec le groupe marocain dit d'«El Hidjra wa Al-Takfir». L'élément suspecté, S.R., était en possession d'un PA, une mahchoucha et un téléphone satellitaire. Soumis à l'interrogatoire, l'individu révéla qu'il servait d'escorte, sinon d'éclaireur à un groupe terroriste en connexion avec des cellules marocaines. Et ce fut alors le premier élément déclencheur d'une alerte qui va d'Alger à Rabat. Il y eut ensuite deux tentatives, avortées par les services de sécurités algériens, et qui consistent à «concrétiser» les connexions entre, d'un côté la Salafia El Djihadia et le groupe d'El Hidjra wa Al-Takfir marocains, et de l'autre le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc). Cette «concrétisation» consiste à réunir des éléments des trois groupes terroristes dans les maquis algériens. La vigilance des services algériens a rendu impossible cette rencontre et l'incident fut un élément de plus pour chercher à tuer le mal dans l'oeuf, c'est-à-dire arrêter «l'avalanche» terroriste avant qu'elle n'accède au territoire algérien. Et ce fut les débuts d'une coopération sécuritaire entre l'Algérie et le Maroc. Une coopération qui a été, pour des raisons et d'autres, toujours mise à l'abri de toute «officialité». Selon des informations gardées secrètes, la coordination, très utile faut-il le reconnaître, entre les services de sécurité algériens et marocains se fait avec le «concours» des bureaux de l'Interpol existants dans les deux pays. D'autres sources, citées antérieurement par des médias du Royaume, ont fait comprendre que Interpol a même présidé, en France, une réunion de coordination entre agents de sécurité algériens et marocains, destinée à lutter contre le terrorisme et propulser l'échange de renseignements. L'objectif est important: arriver à bout de la connexion des groupes terroristes et éradiquer le danger qu'ils représentent. Il est tout de même difficile de confirmer la crédibilité de ces hypothèses, car elles sont totalement en contradiction avec d'autres informations selon lesquelles l'on exclut toute rencontre entre les services de sécurité algériens et marocains. D'autres sources annoncent seulement le séjour au Maroc du chef du bureau central d'Interpol en Algérie. Cette visite, indique-t-on, entre dans le cadre d'une coopération indirecte entre les deux parties. Les Marocains avaient annoncé qu'Interpol a fourni aux services de sécurité du Royaume quatre dossiers concernant des ressortissants marocains recrutés par «la branche d'Al Qaîda au Maghreb». D'autres dossiers, remis aux services marocains, concernent aussi des individus marocains soupçonnés d'avoir voulu rejoindre l'Algérie et d'autres ayant été tués à la suite des ratissages opérés dans certains maquis de l'Algérie. C'est justement l'un des résultats importants de cette coordination. Elle a permis aussi la localisation d'importants fiefs terroristes dans les régions de Fès, Meknès, le nord-ouest de l'Atlas, Casbah, Beni Mellal et Djebel Bani. Au début du mois écoulé, cinq terroristes qui étaient activement recherchés par les autorités sécuritaires marocaines, ont été arrêtés à Kenitra (Maroc). Leur neutralisation, avaient souligné des sources marocaines, a été possible grâce à une coordination entre les services de sécurité chargés de la lutte antiterroriste, espagnols, algériens et marocains.