Il a affirmé la volonté du président de la République de réviser le texte fondamental et a exhorté ses cadres à soutenir cette démarche à tous les niveaux. A l'APN, en premier lieu. Hier, une ambiance particulière régnait au sein de l'Assemblée populaire nationale (APN). Les mesures de sécurité sont renforcées. Les affaires personnelles passées au peigne fin. Les sacs en plastique, ou même en carton saisis au niveau du poste de sécurité. L'APN reçoit un invité de marque. «Le chef du gouvernement, M.Abdelaziz Belkhadem est là», nous dit un agent. Que fait Belkhadem à l'APN le jour de l'adoption du projet de la loi de finances 2008? A priori, il ne s'y est pas déplacé pour assister à ladite séance. Ce n'est pas dans la tradition du chef de l'Exécutif de prendre part à cet événement. Il est 10h30, la séance plénière n'a pas commencé, accusant ainsi trente minutes de retard. 10h45, les députés FLN apparaissent dans le hall, se rassemblent en petits groupes. Ils venaient de sortir d'une réunion tenue avec M.Belkhadem, le secrétaire général du FLN. C'est le moment du compte rendu. En effet, certains députés FLN qui n'ont pas souhaité assister à cette rencontre, ont été informés par leurs collègues. Le principal point abordé dans cette rencontre a trait à la révision de la Constitution, affirme notre source, qui n'a pas voulu s'étaler sur ce point. «Belkhadem nous a demandé de nous préparer à une éventuelle révision de la Constitution, sans pour autant divulguer de date», ajoute notre interlocuteur. «Le président a l'intention de se présenter pour un troisième mandat, a explicitement déclaré Belkhadem», confie un autre député. Impossible d'en savoir plus. Les députés FLN ont reçu des instructions de ne pas divulguer à la presse le contenu des discussions tenues avec leur chef de file. Ceux ayant bien voulu s'exprimer sur ce dossier ont tenu à garder l'anonymat. «Il a affirmé la volonté du président de la République de réviser le texte fondamental. Bien évidemment, le FLN est appelé à soutenir cette démarche à tous les niveaux. A l'APN, en premier lieu». Dans un autre chapitre, le secrétaire général du FLN a exhorté les cadres du parti «à applaudir à toutes les propositions venant du gouvernement», confie un ex-ministre. Belkhadem, poursuit notre interlocuteur, a voulu remettre les pendules à l'heure. «Le député FLN est appelé à soutenir les démarches du gouvernement à travers l'adoption des projets de loi soumis à l'hémicycle. C'est ce qui nous a été clairement demandé par le secrétaire général du parti.» Ce rappel à l'ordre de Belkhadem n'est pas fortuit. Il faut rappeler, à ce propos, que le gouvernement a essuyé de sévères critiques lors des débats sur la loi de finances de la part des députés FLN, eux-mêmes. Certains ne se sont pas contentés de contester les dispositions contenues dans ce projet. Ils sont allés jusqu'à remettre en cause les choix économiques du gouvernement. Le taux de croissance de 5%, enregistré ces trois dernières années, n'est pas le fruit «des réformes engagées sur le terrain» a défendu, à titre d'exemple, M.Messaoud Chihoub. Faisant un constat de l'état de l'économie nationale, ce député a souligné que «malheureusement, elle reste entièrement dépendante de la rente pétrolière. Lorsque le prix du pétrole chute dans les Bourses, on se rendra compte que nous avons une économie qui ne produit pas et des réformes laissées à mi-chemin. En bref, on replongera dans la crise». Ces critiques «n'ont pas été du goût du chef de l'Exécutif» souligne notre source. Ce n'est pas tout. «Belkhadem reproche aux députés FLN leur passivité et l'absence de réaction au moment où les partis de l'opposition ou même nos amis de l'Alliance critiquaient le gouvernement lors des débats.» «La principale mission du député FLN, estime Belkhadem, est de défendre les intérêts et l'unité du parti.» Evoquant la dernière crise justement, Belkhadem a rassuré les élus de la chambre basse: «Le parti se porte bien...Les députés sont invités à ne pas tomber dans le piège des rumeurs et des manoeuvres colportées par les ennemis du parti», soutient M.Saïd Bouhadja. «Cela nous permettra, ajoute-t-il, de mener une campagne électorale saine qui mobilisera toutes les forces, y compris les députés.» Dans ce sens, on apprend que des instructions ont été données aux députés pour se rendre sur le terrain après l'adoption de la loi de finances. Des assurances qui n'ont pas convaincu tout le monde. «Si Belkhadem s'est vu obligé de se déplacer à l'APN pour s'exprimer sur les problèmes du parti, cela démontre que le malaise est sérieux», atteste un député. La visite effectuée par Belkhadem à l'APN avait un autre objectif, celui de «calmer les esprits et d'estomper les désaccords au sein du groupe parlementaire du FLN.» Les tractations faites autour de la désignation du membre de l'APN au sein du Conseil constitutionnel en dit long sur le malaise qui règne chez les députés FLN. En effet, le président de l'APN, réputé proche de M.Abdelaziz Belkhadem, souhaitait «éjecter» Daâdoua, un proche collaborateur de M.Ali Benflis, hors de l'institution qu'il chapeaute, pour assurer «une meilleure cohésion du groupe parlementaire». Des discussions sur ce sujet ont été menées avec le Rassemblement national démocratique (RND). Les deux formations ont trouvé un deal: le parti de M.Ahmed Ouyahia accepte de valider cette candidature à condition que le FLN appuie le représentant du RND au Sénat, M.Badreddine Salmi. Mais c'était compter sans la résistance de Daâdoua qui préserve toujours son mandat de député, cédant volontiers le siège du Conseil constitutionnel à M.Mohamed Abou.