Les pays du Vieux Continent sont décidément sur leurs gardes. Un effet généré par les appels répétitifs au crime prêché par l'organisation terroriste d'Oussama Ben Laden. «Ceux qui veulent la violence au nom de l'Islam, la détestation de l'autre au nom de l'Islam, n'ont rien à faire sur le sol de la République française.» L'auteur de cette déclaration n'est autre que Nicolas Sarkozy. C'est ce qu'il a proclamé, haut et fort, lors d'une visite, le mois d'octobre dernier, à la Mosquée de Paris. Quelques semaines après, le président français passe à l'action. Cinq islamistes présumés, dont un Algérien, ont été arrêtés à la fin de la semaine dernière dans l'est de la France. L'information, pour diverses raisons, n'a été divulguée que vendredi. Les cinq présumés ont été déférés au parquet de Paris qui a ouvert, sans délai, une information judiciaire pour «appartenance à une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste». Les pays du Vieux Continent sont décidément sur leurs gardes. Un effet généré par les appels répétitifs au crime prêché par l'organisation terroriste d'Oussama Ben Laden. Les cinq individus, dont un Algérien et quatre Français -trois d'origine bosniaque et un d'origine algérienne- devaient être présentés, vendredi, à deux juges antiterroristes et ce, pour les besoins de leur mise en examen. Les chefs d'inculpation sont de taille. L'information judiciaire les visant porte aussi sur une «infraction à la législation sur les armes». Les mis en cause, âgés de 31 à 44 ans, étaient en garde à vue depuis mardi dernier, après leur interpellation avec deux autres personnes à Besançon (est). Le groupe faisait l'objet d'une surveillance car ses membres possédaient des armes de calibre de guerre et s'entraînaient au tir en forêt à intervalles réguliers, selon une source judiciaire française. D'autres sources policières ont attesté que dix armes de poing ont été retrouvées lors des perquisitions ainsi qu'une kalachnikov et des tenues de camouflage. Ce n'est guère une cinématographie française. Les armes enfoncent davantage les mis en examen, mais surtout «la documentation intégriste» retrouvée lors de la perquisition. L'investigation étant en cours, les suspects sont présentés comme des hommes s'étant «progressivement radicalisés» pour des raisons et dans un but «qui restent à affiner». Voilà le scénario à l'état brut: «Les cinq hommes auraient laissé entendre qu'ils nourrissaient le projet de se rendre en Irak, sans pour autant sembler être en lien avec des filières de recrutement ou d'acheminement de combattants.» L'équation reste ainsi à résoudre et l'ensemble des puzzles n'ont pas été encore mis en place par la police française. C'est dire que le mercure de l'alerte antiterroriste a été hissé au plus haut niveau après les dernières menaces de Ayman Al-Zawahiri «dardées» à l'adresse des Occidentaux. Le royaume ibérique a placé carrément les Maghrébins dans la ligne de mire, au nom de la lutte antiterroriste, mais surtout en réponse aux «fantasmes» du bras droit de Ben Laden. La tactique des ralliements à Al Qaîda, même virtuelle, des cellules terroristes d'origine maghrébine, parfois fantomatiques, à l'instar du Gicl qu'on dit libyen, semble arranger l'organisation de Ben Laden. Les Européens se sont pris à «fantasmer» eux aussi aux scénarios les plus tristes, parfois avec le risque de tomber dans le piège de la discrimination. Au Portugal, un autre Algérien, arrêté le 6 novembre sur le sol portugais dans le cadre d'une opération lancée par la police italienne contre un réseau accusé de terrorisme, a été extradé vers l'Italie mardi dernier, mais l'information n'a filtré que dans la soirée de vendredi. Samir Boussa, 35 ans, est classé dans la liste noire des personnes impliquées dans ce qu'on a tendance à qualifier de terrorisme international. Il est accusé aussi d'immigration illégale et de contrebande. Son interpellation fait suite à une opération menée en Italie, au Portugal et en France contre 20 terroristes présumés, en majorité des Tunisiens accusés de former des volontaires pour commettre des attentats en Irak et en Afghanistan. Selon Eurojust, organisme de coopération judiciaire de l'Union européenne, qui a joué un rôle dans cette opération, le réseau «avait programmé des attaques terroristes en Italie, en Afghanistan, en Irak et dans des pays arabes», et avait «un lien clair avec le groupe Al Qaîda». Les Européens ne comptent ainsi délaisser aucune piste pour éradiquer le danger de la nébuleuse islamique.