'Achoura est un jour de recueillement, on en fait à tort un jour d'aumône. Dans le numéro du samedi 23 mars 2001, sous le titre «Anti-Billet», M.Kaddour M'Hamsadji reprend à son compte toutes les inexactitudes que propagent certaines personnes, dont, hélas ! quelques «ouléma» qui se donnent comme porte-parole du ministère des Affaires religieuses, à propos de 'Achoura qui, selon eux, marque la date à laquelle doit être prélevée la zakat sur les biens des possédants au profit des pauvres. Pour bien situer le débat, disons, tout d'abord, que 'Achoura, adjectif numéral ordinal synonyme de 'âchir, indique le dixième jour du mois de Muharram, à ne pas confondre avec 'ouchour, fraction qui signifie la dixième partie. L'amalgame qui est fait entre 'Achoura et 'ouchour vient, en premier lieu, de là, conforté par la réduction de tous les biens possibles de la zakat à la seule catégorie des produits de la terre dont la quotité à prélever équivaut au dixième de la récolte (pour les céréales, les légumineuses, les dattes et les oléagineux tels que les olives) lorsque leur culture ne nécessite pas une irrigation artificielle onéreuse ; sinon, la quotité se limite au vingtième. Ceci étant, la zakat, pour ces produits de la terre, est versée lors de la récolte, période qui n'a rien à voir avec 'Achoura. Pour le bétail (les ovins, les caprins, les bovins et les camélidés) la zakat est due après que le propriétaire en eut joui pendant une année. Ainsi, point de date unique pour tous les possédants, pour s'acquitter de cette redevance, chacun devant le faire selon sa situation propre. Pour cette catégorie, ce n'est pas la dîme qui est imposée, mais un barème détaillé pour chaque espèce. En ce qui concerne le numéraire (pièces de monnaie en or ou en argent ayant cours légal, billets de banque ou toute autre valeur fiduciaire), la quotité exigible est d'un quarantième (1/40) pour une somme déterminée calculée sur la valeur de l'or ou de l'argent, qu'il n'est pas nécessaire de préciser ici, à condition que la somme imposable ait été épargnée durant une année entière. Ici, également, 'Achoura n'est pas le terme fixé pour toutes les personnes. Pour clore cette énumération des biens sujets à la zakat, disons que le commerçant doit, tout comme l'épargnant non commerçant, estimer la valeur des marchandises restées en magasin durant une année, à laquelle il ajoutera le numéraire en sa possession durant la même période. Il devra en prélever le quarantième pour la zakat. Enfin, signalons que le produit de la zakat ne profite pas seulement aux miséreux, mais à huit catégories de personnes clairement définies dans un verset du Coran que tout individu qui se targue de «connaissance en religion» ne peut ignorer. Pour ce qui est de la signification de 'Achoura, la tradition islamique la plus orthodoxe nous est donnée par Al-Boukhari que cite M.M'Hamsadji. Le célèbre recueil de hadiths dont il est l'auteur (aççakîh) rapporte que le Prophète (que Dieu le bénisse), lorsqu'il arriva à Yathrîb, qui allait devenir Médine (madinat Arrassoul), remarque que les juifs de la ville jeûnaient le dixième jour du septième mois de l'année hébraïque (tichri) qui correspondait alors au sixième jour de muharram.