Selon M.Ouyahia, «on attend toujours les décisions qui viennent d'Alger...» C'est par bus entiers arrivant des localités voisines et des différents quartiers de la ville de Annaba que des centaines de militants et sympathisants ont rejoint, hier, la grande salle du théâtre régional «Azeddine Medjoubi». Le plein ayant été fait «à ras-bord», les organisateurs du meeting couraient dans tous les sens pour placer les invités et veiller au bon déroulement de cette manifestation politique dont le parti espère beaucoup, au vu des maigres résultats obtenus lors des dernières consultations électorales. Ahmed Ouyahia, qui était arrivé vers 10h30, a très vite pris la parole pour débiter un discours empreint de pédagogie politique, mais qui, en même temps met le doigt sur les maux qui rongent la société algérienne, au regard de la situation économique et sociale qui prévaut à Annaba. Il dira, en l'occurrence, que cette importante ville du pays a bénéficié d'une enveloppe de 80 milliards de DA pour son développement. Le problème réside dans la gestion, estime-t-il. Il y a, à vrai dire, peu d'hommes qualifiés lesquels sont confrontés à une bureaucratie qui occupe tous leurs efforts et freine leur volonté. «On attend toujours les décisions qui viennent d'Alger, il n'y a pas eu de décentralisation véritable. L'élu local ne peut pas prendre de décision. Nous sommes contre la politique de l'infantilisme et de la déresponsabilisation», lance-t-il à l'adresse d'une assistance toute acquise qui l'écoutait dans un silence religieux. En fin pédagogue, le patron du RND citera des exemples concrets de gestion de la chose publique en parlant du port de Annaba qui engrange des milliards de dinars en taxes ou l'aéroport dont les revenus profitent à la commune d'El Bouni, mais que pour acheter un bus, il faudra faire tout le circuit, un vrai parcours du combattant, pour enfin obtenir l'accord de l'administration. «Nous voulons des élus proches du citoyen, qui sont au courant de ses problèmes et qui prennent des décisions immédiates. Nous ne voulons pas de présidents d'APC qui pratiquent la politique de l'autruche, dès qu'il y a des protestations!» Evoquant les événements qui ont secoué à la fin du mois passé la daïra de Chetaïbi, il dira que les citoyens n'ont trouvé que ce moyen pour se faire entendre et que si les élus et les responsables les avaient reçus pour prendre en charge leurs problèmes, il n'y aurait pas eu toutes ces émeutes. Revenant à la situation sur le plan national, il parlera de la souveraineté nationale que certains ont évoquée au cours de leurs meetings (allusion faite à Louisa Hanoune passée avant lui, la veille). Il martèlera haut et fort qu'on peut mieux préserver cette souveraineté lorsqu'on est fort et à l'abri du besoin. Cela ne peut être le cas quand on meurt de faim. «Maintenant l'Algérie, lance-t-il respire mieux, elle est en bonne santé financière, il reste à éliminer tout ce désordre qui envahit tout et qui nous empêche d'avancer, cela commence par le citoyen, l'élu et le responsable», conclut-il. Le RND, qui sort ses griffes ces derniers temps et qui se propose de constituer une alternative à son frère ennemi le FLN, peut renverser la vapeur et être dans le peloton de tête des partis en présence à Annaba. Rappelons que la formation d'Ouyahia compte seulement une vingtaine d'élus locaux et un seul député. Elle n'est pas du tout représentée au niveau de la commune chef-lieu. Ce défi serait-il relevé le 29 novembre?