Ils sont venus de vingt-cinq wilayas du pays. La grève du 14 avril annoncée par les syndicats autonomes est loin de se préparer sous les meilleurs auspices. Les syndicalistes de son principal fédérateur, le Snapap, subiraient «tous les coups tordus des pouvoirs publics». Hier, en face du Palais du gouvernement, ils étaient près de trois cents syndicalistes venant de vingt-cinq wilayas du pays à avoir observé un sit-in pendant près de deux heures, temps qu'a requis leur délégation pour s'entretenir avec des responsables de chefferie du gouvernement, entre 14h et 16h, de cet après-midi ensoleillé. Mais c'est la section syndicale - Snapap - d'Oran qui s'est distinguée de la foule syndicale, en dénonçant les intimidations subies à El-Bahia et où le wali, à lui tout seul, aurait instauré «la loi martiale», et où sur injonction de ce représentant de l'administration, six membres du Snapap, hommes et , aurait été incarcérés pour au moins vingt-quatre heures. Les agissements de ce responsable allant à l'encontre du libre exercice syndical, c'est-à-dire de la loi 90-14 seraient la goutte qui aurait fait déborder le vase. Idem pour Mascara où des «preuves écrites» nous sont montrées par les camarades de Malaoui, dont des notes de ser- vice dûment signées par des directeurs d'unité n'étant pas en odeur de sainteté avec le multisyndicalisme et faisant état de l'interdiction pure et simple de toute «manifestation ouvrière». Au moment où se tenait ce regroupement à Alger, des échos parvenaient de Genève, siège du BIT (Bureau international du travail) apprenant la bonne réception des plaintes du Snapap relatives aux entraves dont est victime sa vocation à l'image des autres syndicats autonomes émergents. Cette bourrasque du Snapap a charrié sur son passage un autre foyer de mécontentement: l'Isff - Institut supérieur de formation ferroviaire - dont la section syndicale n'a pas hésité à étaler au grand jour les problèmes de cet établissement de Rouiba, dépendant du ministère des Transports et où quelques directeurs feraient la pluie et le beau temps. La section Snapap de l'Isff est venue donc soutenir au même titre que les autres syndicats autonomes tels: le Satef, le Snpsp, le Cnes et le Syndicat des magistrats, l'action du Snapap dont les émissaires se sont rendus hier chez le chef de cabinet de M.Benflis avec une plate-forme de revendications des membres du conseil national. Après une éclipse de près de deux heures derrière les murs du Palais du gouvernement, le chargé des conflits, et celui de l'organique du Snapap ont rejoint leur groupe à l'extérieur, auquel ils ont fait part de la disponibilité du gouvernement au dialogue. L'Exécutif organise d'ailleurs, aujourd'hui, une rencontre avec le Snapap. Tout en notant la bonne disponibilité du ministre de la Santé, ces syndicalistes veulent surtout interpeller la compétence de M.Zerhouni, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales qui, selon eux, aurait reçu récemment une fédération syndicale fantôme et non représentative, à même de conforter les pouvoirs publics dans leur mutisme. Enfin, les syndicalistes «remercient» le wali d'Oran qui a, indirectement, servi de combustible à la locomotive Snapap. Quant à l'avenir de la Casa, il dépendra de la grève du 14 avril, car si elle réussit, elle encouragera les autres syndicats autonomes à rejoindre la coordination telle que pensée par les ténors du syndicalisme parallèle... à l'Ugta.