Le président de la première chambre parlementaire a laissé entendre que le Président doit poursuivre le processus de développement, entamé depuis huit ans. «Après tous les progrès réalisés par le pays sur le plan socioéconomique. Après le rétablissement de la paix longtemps espéré par les Algériens, a-t-on le droit d'opter pour un autre choix autre que celui que nous avons fait huit ans auparavant?» Abdelkader Bensalah, le président du Sénat est catégorique: La réponse est «Non». L'Algérie doit, selon lui, poursuivre son processus de développement et son vaste chantier des réformes. Et avant tout, rendre hommage à celui qui est derrières ces défis. Celui qui, huit ans auparavant, a su tirer l'Algérie des dangers qui la guettaient. Dans son intervention lue hier, au terme d'une séance plénière, il n'a pas prononcé le nom du président, mais il a donné un indice de taille. 1999, l'année durant laquelle M.Bouteflika a accédé au pouvoir. «Il y a une réalité que nul ne peut contester, même nos ennemis. L'Algérie a énormément évolué suscitant un intérêt sans précédent des investisseurs étrangers, qui, huit ans auparavant, nous boudaient», ajoute M.Bensalah. Une lecture du discours du président du Sénat fait ressortir que la réélection du président de la République pour un troisième mandat serait une évidence. Bensalah a-t-il transgressé les règles intérieures de son parti, le RND qui ne s'est pas encore prononcé sur ce débat? Interrogé par L'Expression, le député M.Chihab Seddik affirme que le RND préfère attendre le signal du chef de l'Etat avant de révéler son choix. Autre question importante: au nom de qui s'exprimait Bensalah hier? Abdelkader Reguig, sénateur du tiers présidentiel, est convaincu que «le plébiscite» est fait au nom du Sénat. «Le président du Sénat a fait allusion au troisième mandat du président, chose que nous ne pouvons que soutenir. M.Bouteflika a beaucoup travaillé depuis son retour au pays. Il suffit de constater qu'aujourd'hui, nous pouvons voyager à l'intérieur du pays, le matin comme le soir, sans avoir peur d'être surpris par un faux barrage.» Son collègue, M.Mohamed Mebarki, pense, quant à lui, que «M.Bensalah s'est exprimé au terme d'une discussion autour de la loi de finances, ce qui est tout à fait de son droit». Néanmoins, notre interlocuteur atteste que le président du Sénat s'est exprimé par «rapport au choix des politiques engagées depuis huit ans», avant de lancer: «Les résultats sont, certes, positifs, mais les Algériens exigent plus, ils demandent surtout la poursuite de ce processus de développement engagé depuis huit ans.» Un troisième membre du tiers estime que les choses sont claires. «Le président du Sénat est militant du RND. Il a été élu dans le tiers présidentiel. Il s'est exprimé donc au nom de ces deux parties.» Il poursuit: «Si nous prenons en compte le fait que M.Abdelaziz Bouteflika est le président d'honneur du FLN et que le MSP est membre de l'Alliance présidentielle, nous arriverons à cette conclusion: excepté le RCD, le Sénat dit oui à un troisième mandat du président.» Fidèle à ses habitudes, le MSP préfère prolonger le suspense. Interrogé par L'Expression, un sénateur de ce parti atteste que «la position du MSP sera dictée par le conseil consultatif et ne sera aucunement conditionnée par les opinions de Bensalah.» Quant au Front de libération nationale, il se déclare fier «d'être la première formation à avoir plébiscité, sans aucune condition, la révision de la Constitution, pour permettre au chef de l'Etat de briguer un troisième mandat.» Tout compte fait, l'intervention de M.Abdelkader Bensalah est importante à plus d'un titre, parce que provenant du deuxième personnage politique de l'Etat. Cela confirme que l'annonce de la révision du texte fondamental n'est qu'une question de temps. Elle interviendra logiquement et selon les récentes déclarations du chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, au début de l'année prochaine. Dans les coulisses du Sénat, on évoque la mobilisation du mouvement associatif. Ce dernier, selon nos sources, prendra le relais après les élections locales pour entamer la précampagne électorale ayant comme principaux mots d'ordre: «La révision de la Constitution» et «Ohda Talitha pour Bouteflika».