Le président malien, est arrivé, hier, à Alger pour une visite d'Etat de deux jours. Reçu successivement par le chef de l'Etat, le président du Conseil de la nation et le chef du gouvernement, Amadou Toumani Touré doit sceller avec son homologue algérien un pacte de sécurité et de développement de la frontière sud. Même si ce n'est pas la première fois que les deux hommes oeuvrent de concert pour assurer la stabilité de la région et donner à la notion de bon voisinage un sens concret, cette visite constitue une nouvelle opportunité pour un meilleur rapprochement. Les deux chefs d'Etat évoqueront «les préoccupations d'ordre sécuritaire le long de la frontière commune», a d'ailleurs indiqué, hier un communiqué de la Présidence malienne à Bamako. Cette visite intervient dans une conjoncture d'exception. C'est-à-dire au moment où la zone frontalière sud connaît une situation des plus fragiles. Cette visite a été «balisée» lundi et mardi par la tenue à Alger de la 10e session du Comité frontalier bilatéral. Une rencontre au cours de laquelle le ministre malien de l'Administration territoriale et le ministre délégué algérien des Collectivités locales M.Dahou Ould Kablia, avaient mis l'accent sur l'importance du développement de la bande sahélo-saharienne pour la sécurité des deux pays. Ils ont clairement affirmé que les deux capitales oeuvrent à renforcer la coopération entre leurs services de sécurité aux frontières dans la lutte contre le terrorisme, le banditisme et l'immigration illégale. Le chef rebelle touareg Ibrahim Ag Bahanga, auteur d'attaques et d'enlèvements de soldats maliens, a séjourné récemment à Alger. Ce sont ses hommes qui ont déclenché, à partir de la fin du mois d'août, plusieurs opérations contre l'armée malienne dans le nord du pays, kidnappant une cinquantaine de personnes dont une vingtaine demeure détenue à ce jour. Des sources sûres affirment qu'au mois de septembre dernier, l'Algérie et le Mali avaient mobilisé 1,15 milliard de francs CFA (1,75 million d'euros) pour alimenter un fonds spécial créé après un accord de paix signé à Alger, en 2006, entre les rebelles touareg menés par Ibrahim Ag Ghaly et le gouvernement malien. L'accord prévoit notamment le renoncement des Touareg à la lutte armée et à la revendication de l'autonomie, en échange de l'accélération du développement des trois régions du nord du Mali abritant l'essentiel de leur communauté, Kidal, Gao et Tombouctou. Cette initiative ne semble pas arranger certains cercles hostiles à tout règlement du conflit entre les rebelles touareg et le gouvernement malien. Pour preuve, le 17 novembre, le consul général d'Algérie à Gao (nord du Mali), Mohamed Bachir Babaci, a affirmé avoir fait l'objet d'une tentative d'assassinat par des milices maliennes se réclamant de l'ancien mouvement armé Ganda Koy (les propriétaires de la terre), farouchement opposés aux Touareg du Mali.