Le 14 avril sera une journée sans toubib. Cinq mois après avoir gelé leur grève, les praticiens de santé ont remis, samedi, un préavis de grève de quinze jours au ministre de la Santé. Le 14 avril sera une journée sans toubib. Lors de ses assises à Sidi Bel Abbes, les 17 et 18 mars, le Conseil syndical national a jugé que «l'évolution des choses était en deçà des espérances. Une grève a alors été votée à bulletin secret, conformément à la réglementation». Etait présente à ce conseil une représentante de M.Aberkane qui a lu la lettre qu'il a adressée au syndicat. Cette dernière fait cas de la création de quatre commissions mixtes, dont celle chargée de l'évaluation des négociations entre le Syndicat national des praticiens de santé publique (Snpsp) et la tutelle. Néanmoins, après que la commission eut soumis ses résultats au conseil national, les membres de ce dernier ont estimé que les promesses du ministre n'ont pas été tenues. Mieux, le patron de la santé serait revenu sur ce qu'il avait auparavant lui-même avancé, notamment la valeur des indemnités d'intéressement, fixées auparavant entre 7.000 et 12.000 DA. Entre autres promesses figure la révision du statut du praticien. Aujourd'hui, les praticiens demandent au ministre de respecter ses engagements pris le 5 janvier et réitérés le 5 février de cette année. M.Aberkane recevra les blouses blanches mercredi au siège de son département, et ce ne sera certainement pas pour y prendre le thé. Sur la corde raide, les syndicalistes exigeront certainement des garanties du ministre, car ils auront à gérer outre le mécontentement, le ras-le-bol et la frustration de leur base syndicale. «Que l'on ne nous demande pas de gérer l'ingérable», soutiennent-ils. Il faut reconnaître que, jusqu'à présent, les praticiens de santé publique se sont plutôt bien défendus. Réalistes, ils ne fondent pas beaucoup d'espoir sur l'augmentation du salaire de base, dépendant encore du statut général de la Fonction publique. Mais ils ont accepté le glissement catégoriel et les primes d'intéressement dont la somme équivaut à 100% d'augmentation. Ainsi, ils auront par la suite à négocier le statut spécifique avec moins de misère. «Devant ce qui se passe, ils en appellent à la sagesse des pouvoirs publics, rejettent l'entêtement de part et d'autre et prônent les vertus du dialogue.» Ces médecins, qui continuent de réclamer des réponses à leurs revendications, ne veulent pas pour autant rater le train des réformes du système de santé, déjà en marche. Ils veulent que l' «on tienne compte de leur vision» «Nous n'avons pas de tabous vis-à-vis des réformes. Nous revendiquons ces réformes que nous voulons accompagner, mais pas les yeux fermés.» A ce sujet, ils estiment que le barème pour l'évaluation de l'acte médical reste à parfaire. «Qui évaluera qui? Et sur quelle base»? s'interrogent-ils. Le nombre de malades traités par un médecin est, à leurs yeux, un critère d'évaluation non fiable. Avant d'évaluer l'individu, il faut d'abord évaluer les structures, concluent-ils.