Abderrezak Mokri affirme avoir proposé aux partis politiques de créer une commission indépendante chargée de la surveillance des élections locales. En vain! Apparemment, le spectre de la fraude électorale tend à devenir une tradition politique en Algérie. Ainsi, à une journée de la tenue des élections locales, le MSP (Mouvement de la société pour la paix), n'écarte pas l'éventualité d'une fraude massive. Le chargé de la préparation des élections au sein de ce parti, Naâmoune Laouar, va jusqu'à le confirmer: «Tous les indices d'une fraude électorale sont réunis. De toute façon, il ne s'est jamais passé une élection dans notre pays, sans que ce phénomène ne soit au rendez-vous». Quels sont donc les indices de la fraude dont parle le cadre du MSP? En tirant la sonnette d'alarme, M.Laouar s'appuie sur une série d'éléments pour mieux argumenter ses propos. Mais l'élément le plus saillant reste, selon le chargé de la préparation des élections locales au MSP, l'absence d'une commission électorale, chargée de la surveillance du scrutin. «Cela ouvrira certainement la voie à toutes sortes de dépassements de l'administration», a estimé, hier, M.Laouar, lors d'une conférence de presse organisée au siège du parti, à Alger. «D'autant plus, ajoute-t-il, que les bureaux de vote seront livrés aux mains des agents de l'administration». A qui incombe donc la responsabilité? Au ministère de l'Intérieur qui «s'est désengagé»? Aux partis politiques? Ce sont, en effet, autant d'interrogations qui, taraudent l'esprit. Le vice-président du MSP, Abderrezak Mokri, ne laisse pas les questions en suspens. Pour lui, les choses sont claires: la responsabilité incombe aux partis politiques. Comment? Là, M.Mokri avoue avoir fait une proposition à l'ensemble de la classe politique. Elle consiste en l'élaboration d'une commission politique indépendante chargée de la surveillance des élections locales, et qui sera formée de représentants de toutes les formations politiques en lice pour le prochain scrutin. Selon les responsables du MSP, cette commission, si elle avait été installée, les partis auraient choisi une personne qui sera à la tête de cette instance. Elle jouira même d'une crédibilité incontestable, d'autant que le ministère de l'Intérieur a accepté cette proposition et a donné son feu vert pour sa mise en place. «En vain» regrette-t-il. «Hormis En Nahda, aucune autre formation politique n'a jugé utile de concrétiser notre initiative. Certains n'ont même pas daigné nous répondre!» déplore encore Abderrezak Mokri. Celui-ci ajoute que les partis contactés reprochent au MSP le fait d'avoir lancé tardivement la proposition. Abderrezak Mokri répond: «Ce reproche, il faut plutôt l'imputer au ministère de l'Intérieur qui n'a annoncé l'annulation de la commission chargée de la surveillance des élections que vers le 2 novembre en cours.» En ce sens, il est de droit de douter de l'innocence de la proposition du parti de Bouguerra Soltani, voire de s'interroger si elle n'est pas lancée à dessein de gagner plus d'électeurs, étant donné que pendant la campagne électorale, tous les «dribbles politiques» pacifiques sont permis. «Nous n'avons jamais pensé à cela, et si c'était le cas, nous aurions pu annoncé notre initiative en faisant appel publiquement à l'ensemble de la classe politique, par presse nationale interposée», argumente M.Mokri. Au MSP, on croit dur comme fer qu'en l'absence d'une commission de surveillance des élections, «nul n'est en mesure de transmettre aux autorités les dépassements constatés lors du scrutin. Un charivari indescriptible n'est d'ailleurs pas à écarter». Outre l'absence de la commission chargée de la surveillance des élections, Naâmoune Laouar cite le fait que l'administration interdit que les bureaux de vote, réservés aux femmes, ne soient gardés que par des femmes. «Mais quelles sont ces femmes qui peuvent rester dans les bureaux de vote au-delà de 19h?» se demande le chargé de la préparation des élections au sein du MSP. Pour lui, ce fait ne fera qu'accentuer l'opération de fraude.