Enfant terrible de son parti, ce député islamiste n'a guère été tendre à l'adresse de son président, Mahfoud Nahnah. Le président du groupe parlementaire du MSP, Abderrezak Mokri, était jeudi l'invité de l'émission Forum de la Chaîne III. Egal à lui-même, quoique s'exprimant au nom de son parti, ce député n'a guère été tendre à l'adresse du pouvoir. Usant d'un franc-parler peu commun chez les responsables de ce parti, Mokri a expliqué le très net recul de son parti lors des législatives du 30 mai par le très fort taux d'abstention. «Nous avons eu beau appeler les gens à voter massivement, pensant que les garanties du Président allaient être suffisantes à garantir un scrutin propre et transparent, les gens ne nous ont pas écoutés. Et, finalement, ce sont eux qui ont eu raison». Mine de rien, le député tente de faire accroire à l'opinion que de simples citoyens, résidant au fin fond de l'Algérie, seraient mieux informés et analyseraient mieux les donnes politiques qu'un parti comme le MSP, disposant de cadres de très haut niveau, ayant des accès directs et indirects à divers centres de décision et jouissant d'une expérience politique et militante vieille de plusieurs années. Mokri, toujours aussi incisif dans ses propos, a vertement tancé le pouvoir l'accusant de s'être adonné «à deux formes de fraude, une fraude intelligente et une autre tout simplement idiote». Tout en se demandant comment il pouvait être possible que «les bureaux itinérants et les corps constitués votent tous en 97 pour le RND et en 2002 pour le FLN», Mokri dira «ne pas être surpris par le verdict du Conseil constitutionnel, une institution au service des puissants en place». Les critiques de ce député ne s'arrêtent pas là. Son parti et les membres de sa direction n'y ont pas échappé non plus. Mokri, en effet, a officiellement affirmé «ne pas être d'accord avec la décision prise par le parti de participer au gouvernement».Explication : «Dans tous les pays du monde, la participation au pouvoir affaiblit les partis politiques. En Algérie les choses sont nettement pires. Je m'oppose et je continue à m'opposer à notre participation puisque le FLN a la majorité et les moyens de mener la barque tout seul, qu'il prenne ses responsabilités sans impliquer les autres». Mais pour Mokri, «une différence de taille existe entre les rapports de force politiques et les rapports de force sociaux». Et d'expliquer que «le pouvoir, même s'il s'est assuré d'une majorité très confortable au gouvernement, sait qu'il ne peut gouverner sans le MSP qui dispose de militants partout, qui a du crédit au sein de larges franges de la société et qui a le pouvoir de mobiliser les foules comme aucun autre parti dans le pays». Cette manière de critiquer publiquement la direction de son parti, à commencer par Mahfoud Nahnah lui-même, peut bien signifier que le début de malaise au MSP n'est pas qu'une simple vue de l'esprit. De plus en plus de voix s'élèvent pour dénoncer la «politique suicidaire de la direction du MSP». En clair, Mokri prévoit un score encore plus médiocre lors des élections locales prévues d'ici à l'automne prochain. S'agissant, enfin, de la nouvelle APN, le député et membre de la direction nationale du MSP, a affirmé que «sa composition constitue une régression en matière de démocratie et de pluralisme politique».