«Croyez-vous que ces nouveaux élus possèdent des solutions miracles?» interrogent les citoyens... Jeudi, huit heures. A l'instar de leurs concitoyens, les habitants de Meftah, sont appelés à se rendre aux urnes. Cependant, les premiers indices de cette matinée pluvieuse ne sont pas prometteurs. Les centres de vote ne grouillent pas de monde. Hormis quelques vieillards qui s'étaient précipités pour accomplir leur devoir électoral, l'événement ne semble pas susciter un réel intérêt. Il est difficile de «cueillir» les électeurs de leur profond sommeil. Dehors, il pleut des cordes. Ceux qui se sont réveillés ont d'autres «soucis.» Ils préfèrent revivre les meilleurs moments d'une soirée footbalistique européenne qui s'est déroulée mercredi et parler d'une nouvelle série américaine. S'adossant à un mur sur lequel était écrit «les barrages sont pleins, mais pas les urnes», un jeune, la trentaine entamée, titulaire d'une licence en économie depuis une année, sirote un thé à la menthe, avant de s'interroger: «Que feront les nouveaux élus? Peu importe leur parti. Ils ne feront que noyer les citoyens dans une eau boueuse.» Il est midi passé, on se dirige vers Larbaâ. Le climat est toujours morose, justifiant ainsi le taux global enregistré par la ville des Roses: moins de 30%. Ce sont surtout les femmes qui viennent voter. Ces femmes, dont la souffrance se lit sur les visages ridés, sont surveillées de «près». Il n'était pas question qu'elles se rendent seules. Les bureaux de vote des deux sexes sont séparés comme deux pôles. «Ici la femme est reléguée au second rang» nous confie un jeune adolescent. Intervenant, un quinquagénaire, enfonce le clou. «En sus de ces pluies diluviennes qui nous ont causé d'énormes dégâts matériels, on garde toujours des souvenir, de ceux qui nous ont endeuillé une décennie durant.» Et d'ajouter: «O, mais jamais ceux du terrorisme. La cicatrice est encore profonde.» L'acte de vote parait insignifiant aux yeux de notre interlocuteur. Une heure plus tard, on se dirige vers d'autres centres de vote où sont attendus des électeurs. Toujours pas. Ici et là, on murmure que le taux d'abstention peut atteindre un record. Plus que les dernières législatives. Ce n'est pas surprenant, ont estimé certains jeunes interrogés. «Croyez-vous que ces nouveaux élus possèdent des solutions miracles? Absolument pas, car les gouttes de pluie continueront, au grand dam de la population, d'emporter des vies humaines», précise un jeune handicapé. A Larbaâ, interroger une femme relève de l'interdit. Dans l'après-midi de jeudi, une virée est effectuée à Oued Smar. C'est plutôt la jeunesse qui est mobilisée. On parle d'une rude concurrence entre deux formations politiques: le FFS et le MSP. A l'intérieur du centre Grine Belkacem, on évoque des noms et on prédit les résultats finals. Certains crient déjà victoire. Dans ces trois communes, comme ailleurs, le ras-le-bol des citoyens s'exprime par les urnes. Le fort taux d'abstention l'a bel et bien démontré.