Dans cet entretien, le président du FNA revient sur les raisons du succès de son parti lors des dernières élections locales. L'Expression: Vous venez d'obtenir la troisième place à l'issue du dernier scrutin. Estimez- vous que c'est là une surprise ou le fruit d'un travail soutenu? Moussa Touati: Nous avons travaillé et déployé énormément d'efforts, notamment durant la campagne électorale. Nous sommes la formation politique la plus proche du citoyen. Aussi, le score réalisé est amplement mérité. D'ailleurs, nous nous attendions à un meilleur score. Le FNA est-il un parti d'opposition? Effectivement, nous sommes un parti d'opposition. Mais de quelle opposition s'agit-il? Nous n'accepterons jamais qu'on touche à l'unité nationale. C'est à ce niveau que réside notre opposition. En d'autres termes, nous dénonçons toute personne voulant nuire à l'intérêt national. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M.Yazid Zerhouni, a estimé que la victoire du FNA est favorisée par le charisme des transfuges venus d'autres partis. Je crois qu'au sein de notre formation politique, nous avons toujours travaillé pour que les militants des autres partis ne soient pas des propriétés privées. Le citoyen est libre et indépendant. Maintenant, si au sein de ces autres formations, le citoyen n'est ni écouté ni considéré, j'estime qu'il a tous les droits de changer de parti. D'ailleurs, le FNA a été clair dans sa démarche. On a toujours fait en sorte que ces transfuges se soumettent à nos statuts après le dépôt de leur démission. Sur les 19.000 candidats du FNA, seuls 1300 sont issus des autres partis politiques. Soit un taux qui frôle les 7%. Ces candidats sont, dans la majorité des cas, relégués au second rang et ne sont aucunement classés comme têtes de liste. Les portes du FNA sont grandes ouvertes. Nous avons un programme et un projet à défendre. Le discours du FNA est clair. L'intérêt du citoyen passe avant tout. Quant à votre question, le FNA n'attend ni les conseils ni les instructions de quiconque pour revaloriser le militantisme. Nous représentons le parti de tous les Algériens, même les marginalisés. Nous avons notre propre projet de société, de patriotisme et de nationalisme. C'est pourquoi les électeurs nous ont fait confiance. S'agissant du ministre de l'Intérieur, je crois qu'il ne peut pas tout savoir sur les partis ni sur la politique nationale et internationale. Il doit revoir ses déclarations. Ses conseillers ne lui donnent pas les meilleures informations sur la situation actuelle du pays. Certains de vos détracteurs ont estimé qu'il y avait une confusion des sigles FLN et FNA, d'où votre succès... C'est la même histoire qui se répète. Ces mêmes propos ont été déjà dits lors des élections législatives en 2002. Qu'on le sache, le FNA a son mot à dire et un programme à défendre. Allez-vous rejoindre l'Alliance présidentielle si on vous le demandait? Absolument pas. Nous ne rejoindrons pas cette alliance, car notre parti a ses propres projets ainsi que sa propre vision. Nous oeuvrons pour l'amélioration de la vie sociale du citoyen. Le FNA, pour être plus précis, se penche beaucoup plus sur la politique intérieure qu'extérieure. Nous, nous ne braderons jamais l'économie nationale en applaudissant les investisseurs étrangers. Allez-vous contracter des alliances au niveau local? Avec quel parti politique? L'alliance se fera selon l'application du programme du FNA exposé durant la campagne électorale. En cas d'éventuelle alliance, nous exigeons à ce que notre programme socioéconomique soit respecté. Lors de votre passage à une émission télévisée, vous avez déclaré que le niveau des candidats importe peu au sein du FNA? Notre priorité n'est pas le niveau intellectuel. Nous voulons des candidats et des militants respectables et crédibles, qui comprennent les doléances des citoyens. Les diplômes viennent en seconde position. Le tabou, à mon sens, est de ne pas pouvoir et savoir communiquer avec le citoyen.