Il serait curieux d'entendre ce que dira le président Sarkozy aux étudiants de l'Antique cité numide dans leur campus de l'université Mentouri. Cirta-Constantine est-elle devenue le passage obligé des chefs d'Etat français, notamment dans les grandes occasions? On est quelque peu tenté de le croire tellement la symbolique de la capitale mémorielle de l'Algérie imprègne ces rendez-vous placés autant sous le sceau de l'histoire, de la politique que de la culture. Et puis ce n'est pas tous les jours que l'Antique Cirta reçoit des chefs d'Etat. Ceci dit, notons que le président Nicolas Sarkozy en choisissant de faire halte dans la grande métropole de l'Est refait le chemin de son illustre prédécesseur, le général de Gaulle qui lança en 1958, à partir de la ville des Ponts, le fameux Plan de développement économique et social en Algérie, ou Plan de Constantine, censé résoudre la problématique algérienne, la France faisant face alors à la guerre de Libération nationale. Evidemment, la guerre et l'indépendance qui s'en est suivie ne permettront pas au Plan de Constantine de réaliser quoi que ce soit en Algérie, mais il faut rappeler néanmoins, que celui-ci a été en France à l'origine de la création du FAS (Fonds d'action sociale -FAS- pour les travailleurs musulmans d'Algérie en métropole et pour leurs familles) qui devait faciliter l'insertion et «l'intégration» de la communauté algérienne émigrée. Tiens, tiens, comme on se retrouve! C'est en fait cette communauté émigrée qui pose aujourd'hui problème aux instances dirigeantes françaises dont la loi Hortefeux sur l'immigration -et les tests ADN qui l'accompagnent- remet en cause l'esprit même de l'intégration de cette émigration qui contribua largement à façonner le nouveau visage de la France. Aussi, outre le symbolisme de se retrouver à Constantine, il serait surtout curieux d'entendre ce que le président Sarkozy va dire aux étudiants de l'antique cité numide dans leur campus de l'université Mentouri. Dès lors, peut-on se demander, quel discours va énoncer M.Sarkozy à l'université de Constantine? Serait-ce une réédition de celui prononcé à l'université de Dakar, au Sénégal -qui souleva en Afrique et en France une immense polémique- ou y annoncerait-il des mesures susceptibles de remettre les choses à l'endroit entre la France et l'Algérie? Il est patent que si Nicolas Sarkozy décida de faire son discours devant les étudiants de Constantine ce n'est sans doute pas juste pour faire une «bavette» avec les universitaires constantinois, et qu'il est ainsi attendu de lui qu'il s'explique sur les décisions prises par son gouvernement concernant les projets sur l'immigration, notamment les tests ADN qu'il veut rendre obligatoires dans l'optique du regroupement de famille. Va-t-il, comme à Dakar, dire aux étudiants constantinois qu'il «n'est pas venu pour leur parler de repentance» ou leur dire comme à leurs homologues sénégalais que «l'homme africain n'entrerait pas suffisamment dans l'avenir». Viendra-t-il à Constantine avec un esprit de conciliation qui fera la part des choses et replacer le contentieux algéro-français dans son contexte naturel -assorti d'un assainissement des relations bilatérales franco-algériennes des scories qui font obstacle à des rapports normalisés- ou serait-ce le M.Sarkozy qui asséna aux Algériens le 11 juillet -lors de sa visite éclair à Alger- le brutal «non à la repentance», d'autant plus qu'il aura, outre les étudiants, un auditeur attentif en la personne du président Bouteflika. Aussi, quel Sarkozy viendra entretenir les Constantinois sur ses projets pour les relations futures entre la France et l'Algérie? De Gaulle, dans les circonstances qui étaient celles de la guerre, a néanmoins tenté de poser les vraies questions et un jalon entre le deux pays en comprenant singulièrement l'apport qui est et a été celui de l'immigration, notamment algérienne. Justement au moment où M.Sarkozy sera l'hôte de la grande métropole de l'Est, le Conseil constitutionnel français aura alors rendu son verdict sur la constitutionnalité de la loi sur l'immigration dite «loi Hortefeux» de même que sur les tests ADN que cette loi veut rendre obligatoires pour les émigrés. Signalons que M.Sarkozy, accompagné du président Abdelaziz Bouteflika, fera quelques pas dans le centre de la ville historique et aura l'occasion de visiter le quartier juif de Constantine Ech-charâ', en contrebas de la Casbah, qui a vu grandir et partir le chanteur pied-noir Gaston Ghenassia, dit Enrico Macias.