Tel-Aviv sera-t-elle à l'écoute de Constantine? Le message pour la paix prononcé par Sarkozy sera-t-il entendu? Le vent qui a soufflé, hier, sur la ville de Constantine était-il assez fort? Les paroles du président de la République française sont-elles parvenues de l'autre côté de la rive de la Méditerranée? Ont-elles été entendues? Ont-elles atterri à Tel-Aviv, à Ghaza, en Cisjordanie, dans les colonies juives ou sur la rive du Jourdain? L'appel lancé hier par Nicolas Sarkozy à la tolérance religieuse et à la paix au Proche-Orient est pathétique. Les étudiants de l'université Mentouri l'ont certainement trouvé émouvant. Emouvant tant il a fait ressurgir les souffrances endurées par le peuple palestinien. Un peuple sans patrie, spolié de ses terres, livré à une guerre fratricide sans précédent. Pendant ce temps-là, l'armée d'occupation israélienne se frotte les mains. «Je lance un appel au peuple d'Israël pour qu'il n'inflige pas au peuple palestinien la même injustice que celle qu'il a subie lui-même pendant tant de siècles», a déclaré le chef de l'Etat français. Quelle ville algérienne mieux que l'antique Cirta aurait pu se faire l'écho d'un tel message? Du sur-mesure pour cette ville tant chargée d'histoires. Une des cités les plus anciennes du Bassin méditerranéen. Jéricho, Athènes et Rome peuvent en témoigner. Constantine, ville de princes et de princesses. Massinissa, Jugurtha, Charlotte Louvet, princesse de Monaco, mère de Rainier III de Monaco...Constantine, ville de savoir. Ben Badis, cheikh Bachir El Ibrahimi...mais aussi celle qui a enfanté deux prix Nobel, Albert Laveran et le Pr Tanoudji. Constantine, cette ville où ont vu le jour Malek Haddad, Kateb Yacine, Enrico Macias, Isabelle Adjani, Benjamin Stora, et la liste est longue, très longue. Comme le chemin qui mène vers la paix. Le président de la République française semble y croire, dur comme fer. Il le souhaite de toutes ses forces. Le sillon semble tracé. Il compte sur le chef de l'Etat algérien, M.Abdelaziz Bouteflika. Les deux hommes se vouent une amitié qui a l'air d'être sans faille. Ils se respectent. Leurs visions des problèmes géopolitiques se rejoignent. Le dialogue des cultures? Ils le symbolisent. Entre les deux rives de la Méditerranée, se sont établies des communautés des deux pays. Les couples mixtes renforcent encore plus les liens. Le métissage a fait tomber certains tabous, des barrières psychologiques ont été difficilement franchies. Mais il est dit que les générations futures ne ressembleront pas à leurs précédentes; comme un «virus», le métissage a été inoculé. Du sang mêlé circule aujourd'hui entre les deux rives de la Méditerranée. Les religions ne sont plus un obstacle. L'Islam, seconde religion de France, s'est fait une petite place au soleil. Un autre regard se pose sur elle. Une religion de tolérance qui a accueilli ceux qui ont souffert de l'inquisition. Les Juifs chassés d'Espagne ont trouvé un havre de paix sur la terre algérienne et particulièrement à Constantine. Seront-ils sensibles au discours de Sarkozy? «Je lance un appel aux dirigeants du peuple israélien et du peuple palestinien pour qu'ils saisissent la paix qui est aujourd'hui à la portée de leur main s'ils savent se montrer capables de surmonter la haine qui se nourrit du souvenir de leurs malheurs respectifs», a souligné M.Sarkozy. Un message pour faire la paix qui n'a cependant pas mis en exergue les causes historiques du conflit. L'espoir fou des Palestiniens qui rêvent d'un Etat, commencera-t-il à Constantine?